Des hauts et des bas : Croire et vivre en Albanie

L'hospitalité et l'honneur, la pauvreté et l'émigration marquent de leur empreinte la vie en Albanie. Le week-end prochain, l'apôtre-patriarche Jean-Luc Schneider se rendra dans ce pays où l'Église néo-apostolique gère trois jardins d'enfants et compte six communautés.

Les valeurs essentielles du code de droit coutumier en usage depuis le Moyen Age : « Kanuni i Lekë Dukagjinit » sont la famille, l'honneur et l'hospitalité. Ce sont des valeurs caractéristiques de l'Albanie. C'est d'ailleurs grâce à ces principes que l'Église néo-apostolique a pu s'établir dans ce pays baigné par l'Adriatique.

Un hôte de substitution

L'apôtre Bernd Klippert était alors en pleins préparatifs de son voyage, lorsque l'hôte qui devait l'accueillir s'est désisté inopinément. Or, en l'absence d'invitation d'un autochtone on ne pouvait pas entrer en Albanie en 1990. C'est un parent de l'hôte défaillant qui s'est alors proposé d'accueillir sous son toit l'apôtre et son compagnon de voyage. Avec sa famille composée de cinq personnes, il vivait dans un logement de trois pièces et demie.

Le nom de ce parent hospitalier était Agim Nikshiqi. Trois ans plus tard, il a pris en charge la direction du district nouvellement créé d'Albanie, en qualité d'ancien de district. Au foyer vivait alors Natasha, la fille, « premier enfant de Dieu en Albanie », comme elle aime à le dire : Lorsque, le 29 septembre 1991, les 21 premières personnes ont été scellées en Albanie, on l'a « promue » interprète de l'apôtre. Elle était interprète de profession.

Entre christianisme, athéisme et islam

À cette date, le christianisme était la religion à la fois ancienne et toute récente en Albanie : C'était l'apôtre Paul en personne qui avait répandu l'Évangile jusqu'en Illyrie (cf. Romains 15 : 19). Dès le IVe siècle, des églises avaient été bâties dans le pays. Cependant, vers la fin du XVe siècle, la région fut conquise, et par l'empire ottoman et par l'islam.

C'est une vision du monde tout autre qui l'a dominée au cours de la seconde moitié du XXe siècle : l'Albanie s'est déclarée « premier État athée du monde ». Sous la dictature d'Enver Hoxha (ou Hodja), toute pratique religieuse fut interdite. La chute du régime communiste, en 1990, marqua le retour de la liberté religieuse.

Actuellement, moins de 3% de la population se réclament encore de l'athéisme, cette ex-religion d'État. En fonction des sources, la proportion des musulmans du pays se monte entre 60 et près de 80% des habitants ; les autres se réclament principalement du christianisme. Aux dires de l'apôtre Apostel Franz-Wilhelm Otten (Allemagne), en charge de la desserte pastorale de l'Albanie, la cohabitation entre religions est paisible et empreinte de tolérance. Le travail missionnaire est ici bien évidemment synonyme d'évangélisation.

L'émigration pour fuir la pauvreté

L'économie communiste planifiée a laissé de profonde traces dans le pays : L'Albanie fait partie des pays les plus pauvres d'Europe ; le revenu par tête était alors de 384 dollars par mois. Dès 1990, beaucoup d'habitants ont, par conséquent, cherché à assurer leur subsistance à l'étranger. La situation s'est encore aggravée après les émeutes de 1997, provoquée par l'effondrement des banques « pyramidales » qui avaient spolié de nombreux épargnants. Actuellement, un tiers des Albanais vivent à l'étranger.

Ces vagues d'émigration portèrent également tort à l'Église néo-apostolique : elle avait connu un essor jusqu'en 1997 et comptait alors une douzaine de communautés dans le pays, mais le travail d'édification devient dès lors impossible dans la partie méridionale de l'Albanie. Actuellement, l'Église y est forte de quelque 550 membres répartis dans six communautés et confiés aux soins de 18 ministres autochtones. « Nous nous sommes consolidés, juge l'apôtre Otten, et nous finirons bien, à un moment donné, par créer de nouvelles communautés. »

L'Église gère des jardins d'enfants

L'Église pousse de nouvelles racines dans la société albanaise : depuis 2012, elle y gère des jardins d'enfants. Ils sont au nombre de trois et accueillent plus d'une centaine d'enfants. Le plus grand d'entre eux se situe dans une grande zone d'habitation en bordure de Tirana, la capitale. Quatre éducatrices y prennent soin, à la demi-journée et à la journée entière, de 60 enfants d'âge préscolaire. Ils prennent trois repas par jour et disposent aussi d'une salle de repos pour leur sieste quotidienne.

Les enfants y sont instruits conformément aux directives du ministère de l'Éducation. Tout cours de religion, quel qu'il soit, est interdit par l'État. De premiers enfants sont sortis de l'institution : « Ils font partie des meilleurs élèves de leurs écoles, se réjouit l'apôtre Otten, ce qui prouve l'efficacité des cours et du suivi dispensés aux enfants. »

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