Les sacrements (34) : Ambassadeurs de l’initiative divine

Après avoir défini l’objet, la manière, l’endroit et le moment, se pose à présent la question de savoir qui peut dispenser la sainte cène. Pour une fois, les Églises chrétiennes ont des réponses assez similaires – mais avec des justifications différentes.

Au sein de l’Église néo-apostolique, la situation est claire : seuls les ministres ordonnés sont autorisés à parler et agir au nom de Dieu. Et l'autorité de dispenser la sainte cène n’est donné, outre aux apôtres, qu’aux ministres sacerdotaux. Pour cela, l’Église invoque son apostolicité : Jésus a donné cette autorité à l’apostolat. Et, au sein de l’Église néo-apostolique, ce ministère est de nouveau occupé par des personnes.

Les Églises catholiques, orthodoxes et anglicanes ont une vision très similaire : seuls les prêtres et évêques ordonnés peuvent célébrer l’eucharistie ou la divine liturgie. Elles invoquent toutes également l’apostolicité, toutefois d’une autre manière – par le biais de la « succession apostolique ». Cela signifie qu’ils tirent l’autorité de leurs ecclésiastiques du fait que la consécration des évêques par l’imposition des mains remonte, dans une succession ininterrompue, à l’époque des apôtres bibliques.

Entre théorie et pratique

Selon la conception protestante, chaque chrétien baptisé peut présider la fête de la sainte cène – du moins sur le plan théologique et théorique. Cela découle de la doctrine du « sacerdoce universel » (ou « sacerdoce de tous les croyants »). Mais la pratique est généralement différente. Selon le droit ecclésiastique, la proclamation publique de la parole et la conduite de la sainte cène reviennent uniquement à ceux qui ont été ordonnés à cet effet, c’est-à-dire les pasteurs.

Certaines Église régionales autorisent les exceptions à des degrés divers : les ecclésiastiques en formation célèbrent la sainte cène sous la supervision de leurs instructeurs. Dans certains endroits, des prédicateurs laïcs spécialement formés peuvent prendre la direction de la célébration.

Entre consécration et distribution

Au sein de l’Église néo-apostolique, la consécration et la distribution des éléments de la sainte cène sont réservées aux ministres ordonnés. La plupart des autres Églises, en revanche, font une distinction entre la consécration et la communion, entre l’institution et la réception.

Chez les catholiques, notamment, la distribution incombe d’abord aux ministres ordonnés, c’est-à-dire également aux diacres. Des laïcs sont également admis : certains avec une mission permanente (acolytes), d’autres avec une mission limitée dans le temps ou dans l’espace (ministres extraordinaires de la sainte communion).

Dans les Églises protestantes, les non-ecclésiastiques sont autorisés à dispenser le pain et le vin. Dans la plupart des cas, des membres de commissions de la paroisse sont désignés pour le faire. Dans les Églises réformées, les croyants peuvent aussi se transmettre les éléments entre eux.

Entre communauté et Église

Ce n’est pas sans raison que la présidence effective de l’eucharistie soit entre les mains de ceux qui y sont explicitement appelés : « C’est le Christ qui invite au repas et le préside », est-il écrit dans la Déclaration de Lima de 1982 pour documenter les points communs œcuméniques : « Dans la plupart des Églises, cette présidence du Christ a pour signe celle d'un ministre ordonné. Celui qui préside la célébration eucharistique au nom du Christ manifeste que l'assemblée n'est pas propriétaire du geste qu'elle accomplit, qu'elle n'est pas maîtresse de l'eucharistie : elle la reçoit comme un don du Christ vivant dans son Église. Le ministre de l'eucharistie est l'envoyé qui représente l'initiative de Dieu et exprime le lien de la communauté locale avec les autres communautés dans l'Église universelle. »

Ceci n’était qu’une moitié de la réponse à la question de savoir qui peut distribuer la sainte cène. Car, en plus du donneur, le receveur n’est pas le facteur le moins important : Qui peut aller où pour recevoir la sainte cène ? – un sujet brûlant qui en dit long sur les barrières qui séparent les différentes confessions. Ces aspects seront éclairés dans les prochains articles de cette série.


Photo : NAC Southeast Asia

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