Des ravioles souabes pour lutter contre la faim et la solitude
La pauvreté est particulièrement douloureuse pendant la saison froide. Ceux qui le peuvent s’installent confortablement chez eux. Pour ceux qui ne le peuvent pas, un repas chaud et une discussion amicale peuvent être une lueur d’espoir, par exemple dans une Vesperkirche (des repas chauds sont servis gratuitement aux personnes démunies dans une église, NdT).
Sous l’influence des paroles de Jésus : « toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25 : 40b), l’idée d’un repas chaud et d’un lieu où se réchauffer pour les sans-abri et les personnes dans le besoin a vu le jour en 1995, à Stuttgart (Allemagne). Depuis, environ 70 Vesperkirchen se sont établies dans différentes régions d’Allemagne, qui offrent des repas complets et de l’attention aux personnes dans le besoin pendant les mois les plus froids. Le cœur de l’offre est toujours un déjeuner chaud, proposé à un prix plutôt symbolique. Les autres offres varient selon les lieux : en passant par les Vesperpakete, qui sont des boîtes d’en-cas à emporter, l’assistance médicale, les coupes de cheveux gratuites, les entretiens de gestion de crise, l’orientation professionnelle et jusqu’aux concerts et aux conférences. Le terme Vesper vient d’ailleurs de l’alémanique et désignait autrefois un en-cas, aujourd’hui un repas principal.
Prier, découper et servir
À Backnang (Allemagne), l’Église méthodiste unie et l’Église catholique proposent ensemble un déjeuner aux personnes dans le besoin, tous les lundis de novembre à mars, dans la Vesperkirche. Il ne s’agit pas seulement de manger et de boire, mais aussi de créer des possibilités de discussion et de communion.
Depuis avril 2023, des sœurs et des frères de la communauté néo-apostolique de Backnang soutiennent les équipes de cuisine. Entre-temps, les bénévoles ont développé entre eux des relations amicales qui dépassent les frontières confessionnelles. « Environ six à huit frères et sœurs de Backnang soutiennent chaque table de déjeuner, toujours à deux », rapporte Thomas Haag, évangéliste en retraite. « Les bénévoles se retrouvent le matin à 8 h 45, font une courte veillée, puis commencent à cuisiner. » Selon le plat, il faut parfois éplucher 20 kilos de pommes de terre ou hacher dix kilos d’oignons. Jusqu’à 90 personnes dans le besoin profitent de cette offre à Backnang. « Le besoin de proposer cette offre plusieurs fois par semaine existe », relate Thomas Haag. « Mais nous manquons de bénévoles et de moyens financiers. »
Des centaines de Maultaschen (ravioles souabes, NdT)
Dans le district de Göppingen/Kirchheim (Allemagne), des fidèles néo-apostoliques soutiennent également la Vesperkirche de Kirchheim, et ce depuis ses débuts en 2009. L’un des samedis, ce sont surtout les cuisiniers/-ères néo-apostoliques de la Vesperkirche qui sont responsables de la restauration.
L’objectif de la Vesperkirche de Kirchheim n’est pas seulement d’aider les personnes qui vivent financièrement dans la pauvreté, il y a aussi la recherche de rencontres et de discussions. Le repas commence toujours par une prière. Pour le début de la saison des Vesperkirchen, l’Église évangélique organise chaque année un service divin qui a déjà été soutenu par un chœur de gospel néo-apostolique.
Ce que les chrétiens néo-apostoliques voulaient apporter a également été rapidement clarifié : il fallait que ce soit quelque chose de souabe et que plusieurs foyers puissent y participer. Donc, des Maultaschen (les Maultaschen sont des ravioles de forme rectangulaire, traditionnelles de la région allemande de Souabe (Bade-Wurtemberg), NdT) ! « Nous avons tout de suite réussi à convaincre quelques sœurs de participer, et c’est ainsi qu’environ 300 ravioles ont été fabriquées dans plusieurs cuisines et livrées à l’église Saint-Thomas. Là, elles ont été réchauffées et servies de manière typiquement souabe avec un bouillon, de la salade de pommes de terre et de la salade verte. La deuxième année, nous étions déjà mieux organisés et nous avons fabriqué les ravioles dans notre centre des jeunes avec la contribution des jeunes. À partir de la troisième année, nous avons eu la possibilité de fabriquer les ravioles dans les cuisines des écoles. Une fois terminées, l’organisateur de la Vesperkirche a récupéré les ravioles et les a placées dans l’entrepôt frigorifique pendant la nuit. Une fois l’action culinaire terminée et la cuisine rangée, nous avons toujours terminé par un dîner en commun, c’est là que nous mangions les ravioles qui n’étaient pas très réussies », relate Cornelia Greiner. « Il y a aussi eu des pannes : une fois, la pâte des ravioles était épuisée et nous avons dû attendre que la pâte congelée soit décongelée », poursuit Cornelia Greiner.
La motivation par les points communs et la reconnaissance
Depuis plus de dix ans, une pancarte apposée sur la porte de la salle Räuchle à Pfinztal (Allemagne) indique tous les jeudis que le Pfinztaler Mittagstisch (le Mittagstisch, littéralement table du déjeuner, est la possibilité d’acquérir un déjeuner à un coût modéré, NdT) est ouvert. L’on ne sait pas à l’avance combien de personnes y prendront effectivement leur repas, car il s’agit d’une offre ouverte. La Vesperkirche a débuté à Pfinztal en 2011. À l’époque, des fidèles néo-apostoliques du district de Söllingen ont réfléchi à la manière dont ils pourraient se tourner vers les personnes en détresse. Ils ont pris contact avec l’administration communale, le service œcuménique de diaconie et l’association Arbeiterwohlfahrt Pfinztal. Tous ensemble, ils ont décidé de créer le Pfinztaler Mittagstisch. Depuis lors, un repas de midi y est proposé le jeudi. Des membres de l’Église néo-apostolique se chargent de la restauration. Deux équipes de cuisiniers d’une quinzaine de personnes chacune se relaient chaque semaine. Soupe, plat principal, salade ou légumes et dessert ainsi que café et gâteau figurent au menu hebdomadaire. L’organisation caritative de l’Église néo-apostolique d’Allemagne méridionale human aktiv participe au financement des repas proposés, de sorte que, grâce aussi à d’autres dons, le Mittagstisch peut être proposé gratuitement et pour tous.
L’évangéliste Klaus Müller, conducteur de la communauté de Pfinztal-Berghausen, décrit comment des sœurs et des frères parviennent à s’engager sur une si longue durée : « Ils le font parce qu’ils prennent du plaisir à travailler ensemble. C’est une belle collaboration, il y a une bonne ambiance de travail, les gens se parlent, rient beaucoup et chantent parfois ensemble avant Noël. Ce n’est pas le travail qui est au premier plan, mais l’amour du prochain en pratique, et les bénévoles reçoivent beaucoup de reconnaissance de la part des invités pour le travail accompli. »
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Date:
Nils Kickert
30.09.2024