Les vertus du jeûne
C’est une nouvelle mode que de jeûner par intervalles. Des milliers de guides du jeûne sont proposés à la vente en librairie. Jeûner, c’est plus que ne pas manger : il faut en accepter les conséquences. Ci-après, quelques considérations sur le Mercredi des Cendres.
Le jeûne est un entraînement à plus d’humanité, dit un théologien et essayiste allemand. Il est vrai que nombreux sont ceux qui voient un rapport entre la théologie et le jeûne : le jeûne religieux ou rituel n’a pas d’âge. La plupart des religions préconisent des périodes de jeûne et prescrivent des règles, auxquelles le croyant doit se plier. Il n’y a pas de jeûne sans règles. Cependant, les périodes de jeûne ne sont pas de simples exercices imposés : elles sont bien davantage !
De plein gré et en toute connaissance de cause
Le jeûne doit être un acte volontaire ; c’est ce qui le distingue par définition de la privation de nourriture. La sobriété est plus que simple abstinence d’alcool ou de nourriture. Elle consiste aussi à se concentrer sur l’essentiel et à prendre ses distances de ce qui secondaire. Il en va de même pour le jeûne : il vide l’être, et l’espace ainsi créé peut se remplir de choses essentielles et vraies, c’est une simple équation. Le jeûne libère, le jeûne apaise, le jeûne guérit, le jeûne régénère.
Les chrétiens en trouvent beaucoup d’exemples dans la Bible. Ils ont tous un point commun : Celui qui s’abstient délibérément devient fort et est comblé en dépit de son renoncement. Jésus a jeûné avant de débuter sa mission. Paul a jeûné avant de se faire baptiser. Le jeûne est le passage vers quelque chose de supérieur, un entraînement en vue de périodes déterminantes : c’est là une motivation de poids. Tous les grands fondateurs de religion ont parcouru une phase de renoncement. Mahomet a jeûné, avant que le Coran ne descende du ciel ; Moïse a gravi le mont Sinaï et y a jeûné, avant que Dieu lui donne les Dix commandements. Que ce soit lors du Ramadan ou du Grand Pardon, les croyants sont appelés, à travers le jeûne, à se reconcentrer sur leur foi, pour se rapprocher de nouveau de leur Dieu.
Jeûner, c’est plus que s’abstenir de manger
À l’évidence, le jeûne ne promet pas seulement un bien-être physique, car jeûner, c’est plus que renoncer à la nourriture. Il s’agit souvent de prendre conscience de ce que l’on consomme d’habitude : Est-ce que je supporte ce que je mange ? Est-ce que je porte préjudice à quelqu’un d’autre que moi en le mangeant ? Ici, des critères moraux entrent aussi en ligne de compte : jeûner, c’est économiser des ressources naturelles. L’homme ne doit pas tout manger, et il ne doit pas toujours tout manger. Il doit s’imposer des temps d’attente, des pauses. C’est ce que font les gens partout dans le monde, en Asie, en Afrique, en Europe, partout.
Jeûner, c’est vouloir renoncer
Revenons-en au jeûne rituel : la foi implique la repentance. Le chrétien le sait dès le départ. La foi est aussi un combat contre le péché et la culpabilité. C’est pourquoi des périodes de jeûne sont nécessaires. Le calendrier liturgique préconise ces périodes entre le Mercredi des Cendres et Pâques, ou encore pendant l’Avent. L’Église ancienne accordait beaucoup d’importance aux règles strictes et punissait ceux qui mangeaient à mauvais escient. De nos jours, diverses communautés ecclésiales recommandent le renoncement au chocolat, à l’alcool, au tabac ou à la télévision. Celui qui se livre à une consommation excessive de toutes ces offres s’en lasse très vite, telle est leur devise. Au contraire de cela, renoncer de son plein gré aux choses qu’on aime est profitable au peu d’autres choses qui restent. On retrouve un équilibre intérieur, même si, au début d’une période de jeûne, le diable sort du bois, comme il l’avait fait autrefois à l’égard de Jésus dans le désert. Par la suite cependant, le calme s’instaure, et la purification, le « grand ménage » peut commencer. Ce sera comme un « grand nettoyage de printemps », un peu particulier.
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