Travail d’équipe entre l’Allemagne et l’Angola

« Rapproche-toi ! – Non, pas avec la caméra, avec le zoom », commande Tim Schaefer-Rolffs à l’attention du caméraman avec la veste noire. Celui-ci s’est cependant déjà élancé et se trouve à présent directement devant l’autel.

Tim Schaefer-Rolffs travaille au sein de l’administration de l’Église néo-apostolique d’Allemagne occidentale. Âgé de 37 ans, ce prêtre et père de famille est responsable de l’administration du système informatique et de la technologie événementielle au sein de l’Église territoriale. Ce travail le conduit régulièrement dans de grandes églises et halles. Avec d’autres frères et sœurs, il veille à ce qu’il y ait des images nettes et un bon son lors de nombreux services divins, journées de jeunesse et grandes manifestations en Allemagne.

Une semaine en Afrique

Au cours de la deuxième semaine du mois de juin, une tâche particulière lui incombe : pendant 184 heures et 20 minutes, il va vivre et travailler sur le sol angolais, à 6700 kilomètres de chez lui. Et il va coordonner la première vidéotransmission d’un service divin avec émission et réception en Angola via l’Internet Protocol Television (IPTV). La vidéotransmission par Internet a été décidée à l’occasion de l’admission à la retraite des apôtres Manuel Eduardo Mbuta et José Ndombele Danu, deux pionniers de l’Église en Angola. Dimanche 10 juin 2018, l’apôtre-patriarche Jean-Luc Schneider a admis à la retraite bien méritée les ministres de longue date. 23 000 participants dans le stade et quelque 14 000 participants répartis dans les 25 communautés d’Angola assistent au service divin retransmis à partir de Luanda.

250 kilos d’équipement dans les bagages

Mais dans un premier temps, il faut faire les valises en Allemagne. Peu de vêtements mais beaucoup de matériel technique : sept grosses et quatre petites valises sont poussées sur le tapis roulant d’enregistrement des bagages. Dans les valises se trouvent deux caméras télécommandées, une caméra portative, plusieurs centaines de mètres de câbles, des adaptateurs – la liste du matériel est longue. Prêtre Schaefer-Rolffs emporte également un « cadeau » pour les collègues : l’équipe d’électroacoustique en Angola recevra 50 nouveaux câbles XLR. Car les anciens câbles sont tellement de fissures qu’ils ne peuvent plus être utilisés.

Un travail d’équipe sur le terrain de jeu

Sur place, la collaboration fonctionne parfaitement, autant du point de vue personnel que du point de vue technique : le groupe d’électroacoustique de l’ENA Angola compte onze hommes, qui utilisent leur table de mixage, leurs microphones et d’autres équipements sur le terrain de football. Le prêtre Schaefer-Rolffs a apporté d’Allemagne des caméras, des câbles et d’autres accessoires. C’est une société externe qui se charge d’installer les gros haut-parleurs.

Cette tâche ne réussit qu’après la deuxième tentative, se souvient l’invité venu d’Allemagne. Au début, les haut-parleurs, chacun accroché à un haut échafaudage, étaient mal positionnés. « En Europe, le déplacement nécessaire aurait provoqué de nombreux grognements, parce que tout aurait dû être démonté à nouveau », fait remarquer le technicien, habitué aux grandes halles. Au lieu de cela, à Luanda, dix hommes se sont postés autour de l’échafaudage et se sont mis à tirer fortement la construction audio. Et voilà. – « L’un d’eux portait même un casque », relate Schaefer-Rolffs en souriant à l’idée des prescriptions de sécurité européennes.

La livraison attendue des caméras commandées s’avère problématique. Trois caméras doivent être dans le stade le vendredi, avec une connexion HD-SDI ou HDMI. Au final, une seule caméra a été livrée, avec une interface analogique. Schaefer-Rolffs pose néanmoins des câbles pour les six caméras prévues et commence les enregistrements de test. Le reste du matériel arrivera-t-il à temps ?

Vidéotransmission internet sans Internet

La diffusion de la vidéotransmission par IPTV nécessite un débit de données montant d’au moins 1,5 Mbit/s, explique Schaefer-Rolffs. Le samedi après-midi, en mesurant, l’informaticien constate cependant qu’il n’y a que 0,4 Mbit/s de débit montant. C’est trop bas pour la vidéotransmission. À la réception du stade, Schaefer-Rolffs vérifie la connexion. Ici, ce n’est pas un câble à fibre optique, comme convenu, mais un simple câble coaxial. Il est désormais trop tard pour changer quelque chose.

Le samedi soir, un plan B a été élaboré. Le technicien d’Allemagne a apporté un routeur LTE. Un frère a acheté la carte de téléphone mobile appropriée à Luanda. L’Angola possède un réseau de téléphonie mobile bien développé. Cependant, la carte LTE transmise ne livre malheureusement qu’un modeste débit montant de 0,4 Mbit/s. La carte a été achetée, le volume de données a été chargé, mais l’enregistrement au moyen d’une carte d’identité n’a pas été clôturé. « J’ai tout de même commencé à transpirer, pas à cause de la chaleur, mais parce que nous avions maintenant un réel problème », se souvient Schaefer-Rolffs. Un frère angolais leur vient en aide. Il travaille pour une société de téléphonie mobile et met à disposition son routeur équipé d’une carte : le débit montant passe à 20 Mbit/s ! Schaefer-Rolffs respire à nouveau, soulagé. Le service divin débute dans quelques heures à peine.

Installer, ranger, installer

Un grand ventilateur sur pied est posé, renversé, à côté du matériel technique. Il n’est pas tombé tout seul, mais il a été placé ainsi sciemment. Doucement, les hélices tournent en ronronnant et procurent ainsi la fraîcheur nécessaire au matériel technique d’électroacoustique, à 36 degrés de température extérieure. Tim Schaefer-Rolffs sourit encore, quelques jours plus tard, en expliquant : « C’est un refroidissement actif ! Ils procèdent toujours de cette manière ici ! »

Tard, le samedi soir, la tension remonte brusquement : le matériel technique doit à nouveau être entièrement démonté. En journée, il fait très chaud et sec, mais, la nuit, les températures baissent à 10 degrés, et, avec une humidité de l’air de 70 pour cent, il fait si humide que, le lendemain matin, la table de régie est pleine d’eau. Pour que l’équipement ne subisse pas de dommage, les caméras sont démontées, les bobines de câbles sont entourées de sacs plastique et étanchéifiées avec du ruban adhésif … et, le dimanche matin, tout est réinstallé. La situation est différente dans un stade à ciel ouvert que dans une halle fermée.

La dernière des six caméras est livrée le dimanche matin, 20 minutes avant le début du service divin. Le fait que cette caméra, livrée en dernier, transmette le menu sur écran avec des instructions relatives au facteur zoom ainsi que l’indication de la carte service divin manquante, parce que ces paramètres n’ont plus été modifiés, ne le dérange pas. « C’est ainsi, voilà tout. »

Le caméraman pourrait-il ne montrer que l’autel ?

Durant le service divin, Schaefer-Rolffs est aux commandes de la table de régie vidéo et manipule en même temps deux caméras télécommandées, tandis qu’il est relié via Interkomm avec les autres caméramen. Tout se déroule comme prévu, jusqu’à ce que l’apôtre-patriarche interrompe brusquement sa prédication, 20 minutes après le début du service divin, en disant : « Le caméraman pourrait-il s’il vous plaît ne montrer que l’autel, et pas la communauté ? » – Un caméraman externe, qui n’avait jusque-là jamais filmé lors des services divins, était en route vers les tribunes avec sa caméra mobile, en faisant des gros plans des participants au service divin. Une situation inhabituelle, mais rapidement corrigée.

Des participants au service divin heureux et dansants

À l’issue du service divin, les frères et sœurs chantent et dansent dans le stade. Le technicien allemand est fasciné par cet enthousiasme. Comme beaucoup d’autres, il lève son smartphone pour capturer quelques impressions ; une preuve en vidéo de la joie qu’il a vécue.

« C’était certes une aventure, mais tout s’est bien passé », résume le prêtre Schaefer-Rolffs au sujet de son intervention d’une semaine. Ce qui est important, c’est de toujours avoir, outre le plan A, aussi un plan B et un plan C. Les petits aléas sont ainsi rapidement maîtrisés.

Le mardi matin, vers 7 heures, le prêtre Schaefer-Rolffs atterrit à l’aéroport de Francfort. « Des frères et sœurs dans la joie et détendus, et beaucoup de superbes expériences » – c’est cette impression qu’il a emmenée, mais également cette ce constat : « Ici, en Europe, il arrive que l’on soupire parfois à un niveau très élevé. »

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