L’absorption de l’hostie peut causer des difficultés à certaines personnes qui souffrent de maladies précises et sont allergiques à ses composants. La manufacture principale sait cependant y remédier.
Pour des raisons d’hygiène et de pénurie, le vin, espèce de la sainte cène, n’est plus bu à la coupe, mais intégré sous forme de gouttes à l’hostie. Si, au début, cette opération pénible était réalisée à la main, à domicile, de nos jours c’est un processus de production optimisé dans les manufactures propres à notre Église.
Quand la farine rend malade
Le gluten est un ensemble de protéines insolubles dans l’eau, qui donnent à la farine des propriétés viscoélastiques. On le trouve dans les céréales comme le blé, l’épeautre, le seigle, l’orge ou l’avoine. Tout le monde ne l’assimile pas ; certaines personnes y sont allergiques, au point de développer des maladies.
La perte de poids, la dépression, les troubles du développement sont autant de symptômes de la maladie dite cœliaque. Il s’agit d’une inflammation chronique de l’intestin grêle, par laquelle le corps réagit à certains composants du gluten. La personne qui souffre de cette maladie doit observer un régime strict, car la moindre dose de farine peut provoquer des réactions.
Nombre de fidèles auraient ainsi du souci à se faire en allant prendre l’hostie consacrée lors de la célébration de la sainte, si la manufacture d’hosties de Bielefeld (Allemagne) n’avait pas pris les devants depuis longtemps : depuis plus de quinze ans, l’Église néo-apostolique propose aussi des hosties sans gluten.
Des hosties spéciales, fabriquées manuellement
Actuellement, ces hosties sans gluten ne contiennent plus, outre la farine d’un riz de Thaïlande, que de l’eau et sont exemptes de tout agglutinant. Par le passé, c’était différent, car on utilisait alors comme agglutinant de la farine de maïs, de la gomme de caroube et du lactate de calcium.
Ces hosties spéciales sont cuites manuellement, dans des appareils qui datent désormais : un gaufrier surdimensionné et une compresse. L’élaboration manuelle multiplie par trente le prix de revient de la fabrication automatique, mais le nombre des hosties est minime, comparé à la production totale : à Bielefeld, on ne produit que 40 000 hosties sans gluten par an, sur environ 100 millions d’hosties industrielles.
Ces hosties spéciales sont expédiées avant tout en Allemagne, en Autriche et en Suisse, mais aussi en Amérique du Nord. Pour passer leur première commande, les fidèles concernés devront s’adresser à leur Église territoriale par le biais de leur conducteur.
Comment l’alcool disparaît
Les personnes alcooliques se préoccupent, quant à elles, non pas de la farine, mais du vin. Dans le but d’éviter toute rechute, les médecins leur conseillent une abstinence stricte. Qu’en est-il de l’alcool contenu dans les gouttes de vin sur l’hostie ?
Même s’il s’agissait de vin pur, la masse d’alcool est minime, car, selon les indications de la manufacture d’hosties, les trois gouttes contiennent au total 0,001 milligrammes du vin utilisé, titrant à 12,5 degrés.
En réalité, l’alcool s’évapore au cours de la production, car avant d’être appliqué sur l’hostie, le vin est porté à ébullition pendant une douzaine d’heures, pour fixer la couleur des gouttes ; une autre partie de l’alcool s’évapore au stockage. « Nous pensons pouvoir affirmer à juste titre qu’il ne reste plus d’alcool dans l’hostie qui est consommée. », dit Michael Block, le Directeur de la manufacture.
Au besoin sans gouttes de vin
« Il ne faut évidemment pas oublier que, pour les personnes alcooliques, s’ajoute l’aspect psychologique de la dépendance. La seule vue d’images ou de représentations de produits alcooliques est susceptible de susciter l’envie », dit encore l’ancien de district Block. « Il appartient donc à la personne alcoolique de décider, en toute responsabilité, si elle peut courir le risque de consommer une hostie normale. Si la réponse à cette question est négative, nous pourrons, au besoin, proposer des hosties sans gouttes de vin, à asperger soi-même, par exemple de jus de raisin. »
Michael Block n’a connaissance d’aucune livraison d’hostie sans gouttes de vin ; il arrive cependant que la manufacture en expédie de temps à autre un paquet - à d’autres confessions chrétiennes. « Il faut bien s’entraider en cas de difficulté », dit l’ancien de district Block. Il s’agit alors, la plupart du temps, d’hosties doublement spéciales, car sans gouttes de vin et sans gluten.
Photo : Jessica Krämer