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Le droit et la justice, deux choses différentes ?

novembre 19, 2020

Auteur: Peter Johanning

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Qui a raison ? C’est une question que l’on entend souvent. Qui obtient justice ? C’est déjà plus difficile d’y répondre. Avoir raison et obtenir justice, ce n’est pas la même chose. Avant toute chose : qu’est-ce que la justice ? Où commence-t-elle, et où finit-elle ? Voici une interpellation.

Revenons en arrière : ce qui s’est passé en Europe il y a environ 80 ans était méprisant pour le genre humain ; des nations, des idéologies, des cultures se faisaient face. Les armes ont parlé un langage mortel. La Seconde Guerre mondiale a compté de nombreuses victimes et de nombreux auteurs. Des millions de soldats sont morts, le régime nazi allemand a fait assassiner des millions de Juifs. Ce furent des années de destruction, d’expulsion et d’inhumanité absolue. Plus tard, on se demandera comment des hommes ont pu causer tant de souffrance à d’autres hommes.

Il y a 75 ans, la jurisprudence des puissances dites victorieuses s’est retrouvée sur le podium. Du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, dans la salle 600 du palais de justice de Nuremberg, les principaux représentants du régime national-socialiste ont dû comparaître devant un tribunal international. 24 hommes de main nazis de haut rang se sont retrouvés devant un tribunal militaire composé de représentants des quatre puissances alliées, c’est-à-dire les États-Unis, l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et la France. Ce « procès principal des criminels de guerre » a donné lieu à douze condamnations à mort, trois condamnations à perpétuité ainsi que quatre longues peines de prison et trois acquittements. Douze autres procès pénaux de même nature devaient suivre devant des tribunaux militaires américains. Au total, 185 personnes étaient assises sur le banc des accusés. Les derniers jugements ont été rendus le 14 avril 1949.

Qu’est-ce que le droit ?

La peine de mort est-elle un moyen approprié pour punir des assassins ? Assure-t-elle ainsi une réparation pour la victime ? Ces questions le montrent : la justice humaine est toujours provisoire et imparfaite. Aussi imparfaite que l’homme lui-même. L’erreur faisant partie de l’existence humaine, l’on ne peut pas non plus s’attendre à un jugement parfait et absolument juste.

Les sociétés démocratiques sont reconnaissantes que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité soient punis, qu’il y ait des tribunaux internationaux, des juges, des procureurs, des avocats courageux qui s’engagent pour l’application de la loi.

Qu’est-ce qui est juste ?

Jusqu’à aujourd’hui, il est encore difficile de répondre à la question de la justice. Il n’existe pas de réponse unique équivoque, sauf peut-être celle-ci : il n’existe qu’une seule justice juste, et elle vient de Dieu. Les chrétiens le savent au fond d’eux-mêmes. Presqu’aucun autre livre des Écritures Saintes ne parle plus souvent et plus clairement que l’épître aux Romains de la différence entre la justice humaine et la justice divine. Les hommes doivent toujours le garder à l’esprit s’ils veulent créer des systèmes de jugement, des lois et des règles justes, car ils restent imparfaits.

Que dit Dieu à ce sujet ?

Ainsi, le Catéchisme néo-apostolique, en accord avec la doctrine chrétienne, déplace également la question du droit et de la justice à un niveau supérieur, au niveau divin : Dieu accorde grâce plutôt que de punir, Dieu est miséricordieux plutôt que rancunier, il accorde le pardon et la réconciliation plutôt que de donner un avertissement. Dieu se laisse crucifier, mépriser, condamner, et nous montre ainsi l’exemple : « Et c’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces, Lui qui n’a point commis de péché, Et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude; lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement; lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. » (I Pierre 2 : 21-24).

Dieu est juste

Cependant, Dieu juge aussi, mais selon des principes différents. Même l’homme pécheur peut affronter Dieu, car Dieu ne regarde pas seulement l’acte, mais le cœur de l’auteur. Même si nous, les humains, avons les plus grandes difficultés à comprendre cela : Dieu est juste, envers chacun/e. il juge comme bon lui semble. Il n’a besoin ni d’accusateur ni d’avocat. Il est les deux à la fois : « Chaque fois que l’homme transgresse la volonté de Dieu, il commet un péché et se rend coupable devant Dieu. Il y a culpabilité, si Dieu, dans sa justice et son omniscience, reproche sa faute à l’homme qui a péché. Seul Dieu mesure le degré de sa culpabilité. » (CÉNA 4.3.2.). Et : « Dans certains cas, le degré de culpabilité résultant du péché peut tendre vers zéro ; dans d’autres, il peut « crier de la terre jusqu’à Dieu (Genèse 4 : 10). »

Et les lois des hommes, n’ont-elles aucune valeur ? Si, tant qu’elles sont conformes aux prétentions divines. Le Catéchisme néo-apostolique développe également des directives claires à ce sujet : « L’Église demande à ses membres d´observer les lois et de remplir les devoirs civiques propres à leur pays, dans la mesure où ils sont compatibles avec les commandements divins. » (CÉNA 13.5.1). Le chrétien est certes soumis par principe à l’autorité de l’État, mais celle-ci est, « quant à elle, subordonnée aux lois divines », est-il écrit plus loin. Les lois terrestres peuvent s’opposer aux lois divines. « Il appartient dès lors à l’individu de choisir, en toute responsabilité, si, en alléguant de ses convictions religieuses, il s’oppose à un règlement prescrit qui contrevient aux lois divines. »

Pour poursuivre la réflexion

C’est ici que la boucle est bouclée avec les procès de Nuremberg et tous les commandants et les exécutants, qui se sont rendu coupables d’une faute similaire : en rétrospective de cette période honteuse de l’histoire du monde, et en regardant vers l’avenir, c’est un devoir humain d’affronter la justice divine, de faire face courageusement à sa propre imperfection et de se soumettre de son propre gré à la grâce du Seigneur – de préférence avant de consentir au péché !

Photo : cobaltstock – stock.adobe.com

novembre 19, 2020

Auteur: Peter Johanning

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