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La pastorale (16) : Quand la croyance aux signes nous égare

septembre 27, 2021

Auteur: Peter Johanning

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« La croyance aux miracles est un signe de manque d’humilité », s’est un jour exprimé l’apôtre-patriarche Jean-Luc Schneider. Car l’homme n’est pas plus grand que Dieu, et il ne peut lui dicter quoi faire, comment et à quel moment ! Une position claire, n’est-ce pas ?

Il est relativement facile de déceler les signes de Dieu dans la Bible. En effet, les Saintes Écritures comportent de nombreux exemples de l’agir divin à l’égard de l’homme. Cependant, même s’il est humainement compréhensible de mettre sur le même plan ces histoires et sa propre vie, c’est aussi déloyal. Les miracles de Dieu sont toujours dus à des circonstances précises et réservés à des destins personnels. Chaque personne ne reçoit pas la même attention, mais toujours celle qui convient – c’est ce que nous dit notre foi.

La sollicitude de Dieu est toujours personnelle

Les chargés de pastorale sont assez souvent confrontés à des demandes de miracles divins. Cela fait partie des attentes du croyant à l’égard de son référent pastoral. Il n’est pas toujours facile de répondre à de telles attentes ou, au contraire, de les rejeter consciemment. Après tout, les prêtres croient aux miracles – qui d’autre, sinon eux ? Parfois, il n’est pas suffisant, pour les frères et sœurs, de déposer leur demande dans la prière en faisant confiance à la direction divine. Ils demandent à Dieu une allusion supplémentaire, un signe concret. Il s’agit classiquement d’une parole biblique particulière, un cantique au cours du service divin ou un événement particulier, qui est alors compris comme un signe divin en faveur d’une décision spécifique.

Sans aucun doute, beaucoup de grandes expériences ont été faites de cette manière. Un tel signe, saisi dans la foi, a maintes fois conduit à l’expérimentation de Dieu. Toutefois, l’expérience montre également que la pure « croyance aux signes » peut conduire à l’égarement. Car, si un souhait n’est pas exaucé ou si l’on ne réussit pas quelque chose, il y a le risque que l’on en impute la responsabilité à Dieu. De nombreux exemples malheureux de ce genre existent : les frères et sœurs restent tristes, déçus ou pris dans le doute. Malgré un signe interprété par eux, aucune évolution positive n’intervient ou leur souhait ardemment demandé ne veut tout simplement pas se réaliser. Pire encore : puisque le signe souhaité n’est pas apparu, les frères et sœurs ont décidé de ne pas faire quelque chose, et, après quelque temps, ils ont regretté cette décision. Le signe qui n’est pas apparu a conduit à une mauvaise décision.

C’est l’interprétation qui importe

Parfois, il arrive aussi que des frères et sœurs aient mal interprété une parole biblique sur la base de leurs souhaits. C’est ce qui se produit lorsque son propre souhait devient la pensée principale. Des espérances déçues apparaissent, qui peuvent conduire à des doutes fondamentaux à l’égard de Dieu. La faute est rejetée sur Dieu.

Est-ce que cela signifie que le référent pastoral doit fondamentalement dissuader ses frères et sœurs de demander des signes divins ? Non, certainement pas, mais il est vivement conseillé d’adopter une approche réfléchie et raisonnable des signes. Les Saintes Écritures elles-mêmes s’expriment clairement sur ce thème. Dans l’évangile selon Matthieu, les scribes et les pharisiens exigent un signe du Seigneur et tentent de le mettre sous pression. Ils veulent une preuve de sa divinité :

« Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent : Maître, nous voudrions te voir faire un miracle. Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Matthieu 12 : 38-40).

Jésus rejette les motivations apparentes des signes. Il attend que les hommes croient, même sans signes, qu’il est le Fils de Dieu. Dans le même temps, il souligne clairement le fait qu’il y aura bien un signe particulier de sa divinité, à savoir sa résurrection de la mort après trois jours. Il en découle que les signes sont uniquement soumis à la volonté de Dieu, ils ne doivent pas être revendiqués et ne peuvent être contraints. En outre, un cœur pur et sincère est indispensable, à l’exemple des paroles de Jésus : « que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne ! »

Les dangers d’une croyance aux miracles

La croyance débridée aux miracles comporte des dangers. Dieu est tenté. Le Seigneur a donné des paroles claires à ce sujet : « Tu ne tenteras pas l’Éternel, ton Dieu. » Les frères et sœurs peuvent demander de l’aide dans leurs prières, mais ils ne peuvent pas forcer Dieu à exaucer leurs demandes et leurs souhaits. Au lieu de cela, ils sont invités à prier au nom de Jésus, à être humbles et à faire confiance à Dieu.

Les thèses qui en découlent sont les suivantes :

  • Nous, les humains, n’avons pas le droit de demander un miracle à Dieu.
  • Nous n’avons pas de raison de demander un miracle à Dieu.
  • Dieu permet certes que des miracles se produisent aussi aujourd’hui, mais il les envoie au moment, à qui et comment il le veut.

Dans le prochain article de notre série relative à la pastorale, nous traiterons le thème suivant : « Les développements doctrinaux : un aspect problématique de la pastorale ? »

Photo : Subbotina Anna – stock.adobe.com

septembre 27, 2021

Auteur: Peter Johanning

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