Épiphanie, Théophanie, manifestation, apparition de Dieu : En consultant le calendrier inséré dans le fascicule des Pensées directrices du mois de janvier, les ministres de notre Église découvrent, à la date du 6 janvier, cette notion plutôt inhabituelle pour eux qui désigne l’une des fêtes chrétiennes les plus anciennes.
En principe, l’Épiphanie était la première fête de Noël. Le mot vient du grec ancien et signifie « manifestation, apparition », au sens d’autorévélation. Dès l’an 300 environ, on fêtait ainsi la naissance de Jésus le 6 janvier, avant tout dans la partie orientale du bassin méditerranéen, pour commémorer la venue au monde du Fils de Dieu, la « manifestation du Christ dans le monde ».
Dans le recueil de chants français de l’Église néo-apostolique, les cantiques numérotés de 62 à 68 sont regroupés dans la rubrique : « Épiphanie » et traitent de la lumière resplendissante qui accompagne la naissance du Sauveur de l’humanité, comme par exemple : « Lumière de ce monde, Seigneur, nous t’adorons » ou encore : « Des hauts cieux vient la lumière ».
Cependant, dès le 5e siècle, Noël vient « concurrencer » l’Épiphanie : sous l’influence de l’Église d’Occident (romaine), la date du 25 décembre s’impose comme étant celle de la fête de la naissance de Jésus. L’Épiphanie, fêtée le 6 janvier, est dès lors réinterprétée et devient la fête du baptême de Jésus. En effet, c’est lors de son baptême dans le Jourdain que Jésus-Christ, le Rédempteur, paraît pour la première fois en public, au moment où une voix résonne du ciel, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3 : 17 ; cf. Luc 3 : 22) et révélant ainsi la volonté salvatrice de Dieu.
Telle est la conception que nos frères et sœurs d’Europe orientale ont de cette fête, comme le rapporte l’évêque Wladimir Groh, de Russie : Officiellement, la fête y porte le nom de « Théophanie », c’est-à-dire « manifestation de Dieu », mais, dans le langage populaire, elle est aussi appelée « Baptême du Seigneur » : « kreschenije Gospodne ». Comme il fait souvent très froid à cette époque de l’année, on parle souvent aussi des « frimas du baptême ».
Dans les communautés néo-apostoliques en revanche, l’Épiphanie ne donne pas lieu à des festivités particulières, explique l’évêque qui, avec son épouse et ses enfants, est membre de la communauté d’Ufa, dans le Sud de l’Oural. Ce jour-là, les fidèles s’adressent un salut particulier ou l’officiant débute le service divin en rappelant le fond spirituel de la fête.
Même si la tradition liée à l’Épiphanie est très forte en Grèce aussi, cette fête légale ne revêt pas une importance majeure pour les chrétiens néo-apostoliques. Tel est le résultat d’un sondage mené par l’évangéliste de district Karl-Heinz Bieker, en charge du pays, auprès des conducteurs grecs des communautés.
C’est en Italie précisément que s’est développée, au contraire, une tradition à part : la déformation du mot Épiphanie en italien (Befana Epifania) a donné naissance à une figure folklorique typique : la Befana, espèce de sorcière bienveillante qui, comme Saint-Nicolas ou le Père Fouettard ailleurs, passe dans les maisons pour distribuer des cadeaux et des confiseries aux enfants. Ainsi des confiseries sont-elles distribuées depuis des années dans la communauté de Trezzano sul Naviglio, comme Francesca, Marco, Luca, Michaela et Patrizia nous le racontent. Francesco et Rossella Sperti, de la communauté de Milan, voient un lien particulier entre Noël et l’Épiphanie : la première est la fête de l’apparition de Jésus en chair, la seconde celle de son apparition en esprit.
Un post d’Alan Woodman sur Facebook montre que la tradition de l’Église ancienne suscite de l’intérêt dans un autre domaine encore : Lors d’une table ronde portant sur la musique religieuse néo-apostolique, ce frère d’Afrique du Sud évoque des cantiques du vieux recueil de chants anglais et en explique l’arrière-plan historique.
C’est dans le magazine « Notre Famille » qu’il a découvert le sens que l’Épiphanie peut revêtir pour les chrétiens néo-apostolique : « Fêter l’Épiphanie dans son cœur, c’est se rappeler ses propres baptême et saint-scellé », est-il dit dans cet article de l’année 2007. C’est « l’invitation, faite à nous tous, à adorer Dieu incarné en Jésus-Christ et à le suivre. »