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Le ministère (26) : Contradictoire en ce qui concerne la parole

mars 28, 2023

Auteur: Andreas Rother

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Alors, que faut-il faire : parler ou se taire ? Lorsqu’il s’agit du rôle de la femme dans le service divin, la 1ère épître aux Corinthiens se contredit elle-même – du moins en apparence. Mais si l’on examine le contexte, on comprend de quoi il s’agit.

Il s’agit moins d’un ouvrage didactique (comme l’épître aux Romains) que d’un ensemble de règles : la première épître aux Corinthiens. L’apôtre Paul règle les questions de la communauté concernant la vie chrétienne dans la grande ville multiculturelle. Il s’agit de la formation de cliques, de culte de la personnalité, de règles alimentaires, de litiges juridiques et de la vie sexuelle.

Dans les chapitres 11 à 14, l’apôtre trie quelque chose qui commence à peine à se former : les structures du service divin. À deux reprises, les femmes sont expressément mentionnées. C’est ce qui est dit presque à la fin : « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées » (I Corinthiens 14 : 33-34).

Entre parler et se taire

S’agit-il d’une règle générale de silence pour les femmes dans le service divin, qui leur interdirait à jamais de prêcher ? Certainement pas : si tel était le cas, Paul n’aurait eu aucune raison de réglementer dans l’autre passage – assez au début de son ordre liturgique – la coiffure des femmes qui « parlent de manière prophétique ».

Car par « parler de manière prophétique », le Nouveau Testament entend annoncer la volonté de Dieu – et ce expressément en son nom. Paul voit dans cette capacité un don spirituel particulièrement souhaitable, qui encourage les gens, les réconforte et édifie l’Église.

Parler ou se taire ? La science propose deux approches pour résoudre les contradictions internes de l’épître apostolique.

Des versets bibliques en vadrouille

Une bonne partie des experts partent du principe que le commandement de silence a été ajouté au texte original du Nouveau Testament. Concrètement, une note en marge ultérieure aurait migré avec le temps dans le texte principal.

Ce n’est pas une simple supposition, mais elle s’appuie sur deux observations : d’une part, le commandement de silence apparaît à différents endroits dans les divers manuscrits antiques ; d’autre part, les deux versets contiennent une formulation que l’on ne trouve pas ailleurs chez Paul.

L’ordre liturgique

En revanche, de nombreux autres exégètes considèrent l’ordre paulinien comme un tout. Le service divin est d’abord multicolore : « Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation » (I Corinthiens 14 : 26). Cela résulte de la diversité des dons de l’Esprit (chapitre 12 : 2-16) et de l’interaction de l’Église en tant que membres d’un même corps (chapitre 12 : 17-31). Le meilleur chemin vers l’unité est le chemin de l’amour (chapitre 13).

Ce qui est particulièrement important pour l’apôtre : « Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. » (verset 40). Car : « Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. » (verset 33). Et c’est ainsi que l’apôtre a organisé le service divin :

  • Les femmes et les hommes doivent se conformer à la coutume en vigueur concernant la coiffure (chapitre 11 : 2-16).
  • Les membres riches de l’Église doivent attendre les plus pauvres avec le repas de satiété qui précède la sainte cène sacramentelle (chapitre 11 : 17-34).
  • Lorsque le parler en langues apparaît, c’est-à-dire lorsque l’on parle dans une langue incompréhensible, celle-ci doit être interprétée. S’il n’y a personne pour l’interpréter, alors le silence est de rigueur (chapitre 14 : 1-28).
  • Il ne faut pas parler dans le désordre, mais à tour de rôle. Si quelqu’un parle en langues ou de manière prophétique, les autres doivent se taire (chapitre 14 : 27-37).
  • Celui qui veut apprendre quelque chose ne doit pas parler à tort et à travers dans l’assemblée, mais doit s’y taire et ne poser des questions qu’à la maison (chapitre 14 : 34-35).

Ce commandement de silence – le troisième de l’ordre liturgique – mentionne concrètement les femmes. Cela est lié à leur besoin de rattrapage. En effet, sous l’Antiquité, les femmes n’avaient pour la plupart que peu accès à l’éducation.

Peu importe de quelle manière on qualifie ces mesures relatives à l’ordre liturgique : pas un seul mot de la première épître aux Corinthiens ne remet en question le fait que les femmes disposent des mêmes dons spirituels que les hommes.

Un commandement de silence pour les femmes : Ce n’est pas seulement la première épître aux Corinthiens qui le dit, c’est aussi la première épître à Timothée – et sous une forme plus stricte. Ce sera l’objet du prochain article de cette série.

mars 28, 2023

Auteur: Andreas Rother

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