Un cri d’espoir

« Eli, Eli, lama asabtani ? » – C’est ainsi que résonne la plainte peut-être la plus célèbre de l’histoire du monde. Elle montre la voie à suivre pour faire face au chagrin et à la douleur : pourquoi il est bon de jeter au pied de Dieu ses peines.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » : l’une des dernières paroles de Jésus sur la croix. Mais ce qui semble si désespéré porte déjà en soi les graines de l’espérance. Car le mourant prononce, voire prie ici le début d’un psaume.

L’exemple type

C’est le Psaume 22, le discret voisin du Psaume 23, le célèbre chant « L’Éternel est mon berger ». Et tout commence un peu plus bas dans le chapitre : « Et t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ? Mon Dieu ! je crie le jour, et tu ne réponds pas. » Qui n’a pas déjà fait cette expérience ?

« Je suis comme de l’eau qui s’écoule, Et tous mes os se séparent », est-il encore indiqué dans le Psaume 22 : « Mon cœur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles. » Cela pourrait-il être encore pire ?

Mais soudain, un tournant : « Et toi, Éternel, ne t’éloigne pas ! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours ! » Et : « Je te célébrerai au milieu de l’assemblée. » Puis : « Car à l’Éternel appartient le règne : Il domine sur les nations. »

Le modèle de base

Cette évolution n’est pas une exception ; de nombreux psaumes commencent par une plainte et se terminent sur une note d’espoir, parfois même de joie. Même l’agencement des 150 psaumes est tel qu’ils vont thématiquement de la plainte à la louange.

Nulle part dans toute la Bible, la plainte d’une seule personne ne reste bloquée dans la vallée du désespoir. En effet, à l’invocation (« Seigneur, mon Dieu ») succède d’abord le cri de douleur. Mais très vite vient la supplique (« Aide-moi »), puis suivent les déclarations de confiance (« Car tu le peux »). Et à la fin, tout se dénoue : c’est la louange et la gloire de Dieu.

Un modèle pour les croyants d’aujourd’hui ?

La mise en application

Mais bien sûr, la voilà : outre la supplique et la reconnaissance, la plainte est généralement une autre forme de prière ou une composante éventuelle de celle-ci.

C’est ce qu’a montré par exemple l’apôtre-patriarche Jean-Luc Schneider lors de la prière d’introduction au service de consolation qu’il a tenu à l’occasion du décès de l’apôtre-patriarche e.r. Richard Fehr : « Nous avons prié pour qu’il retrouve la santé. Mais tu ne nous as pas exaucé. À présent, nous sommes attristés et avons besoin de ton réconfort. » Voilà, mon Dieu, maintenant tu le sais !

Les effets

La prière est efficace... et les plaintes nous aident !

  • Se plaindre nous soulage : c’est peut-être la première fois qu’une réalité douloureuse est exprimée sans ménagement. Cela enlève le poids de l’inexprimable et la pression du déni.
  • Se plaindre crée une proximité : celui qui partage son chagrin et sa douleur avec Dieu ne s’éloigne pas de lui, mais se tourne vers Dieu.
  • Se plaindre renforce la confiance : quiconque confie sa souffrance à Dieu, le croit aussi capable de l’aider.

Soulagement, proximité, confiance : se plaindre, c’est le gémissement de l’espérance et le souffle que l’on prend pour le soupir qui s’appelle consolation. Et au-dessus de tout cela, il y a cette certitude : « Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. » Alors, il n’y aura plus de questionnements : pourquoi ceci, pourquoi cela ? « En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. »


Photo: Studio OMG

Infos articles

Auteur:
Date:

Andreas Rother
06.08.2024
Connaissance de la Bible