Amabilité et discipline : c’est ce qui le fascinait déjà au sein de l’Église lorsqu’il était enfant. Et c’est exactement ce que Duncan Burton Mfune représentait aussi en tant qu’apôtre de district. Il est décédé hier à l’âge de 88 ans.
L’enfant de onze ans, qu’un camarade de classe néo-apostolique emmenait aux services divins le mercredi soir, aimait également la manière de chanter et les costumes noirs. Au grand dam du père Mfune, qui surveillait et punissait son fils. C’est pourquoi il a fallu si longtemps pour que le jeune homme de 18 ans reçoive le sacrement du saint-scellé.
« Ma joie a été infiniment grande lorsque j’ai pu dispenser le Saint-Esprit à ma mère en 1982 », a raconté l’homme qui avait été ordonné sous-diacre en 1959 puis, avec des étapes intermédiaires, apôtre en 1975. « Plus tard, mon père est aussi devenu un enfant de Dieu, ce dont je suis très heureux. »
Un homme du métier
En tant qu’apôtre de district, il a repris en 1989 un champ d’activité déjà florissant : « L’Église en Zambie a été bâtie sur des fondations solides d’amour, de foi et d’espérance. » Mais il n’avait pas seulement l’œil pour la dimension spirituelle, mais aussi pour la dimension organisationnelle : « En établissant des structures et des directives claires, chaque groupe de nos membres a été motivé et s’est consacré aux objectifs des communautés. »
Le responsable de l’Église a su poursuivre sur cette voie : après sa scolarité, il a fait des études dans l’administration publique, notamment à Birmingham (Angleterre). Plus tard, il a occupé des fonctions de direction dans des administrations locales, où il a organisé la collectivité d’un point de vue social, financier et structurel.
Un homme de caractère
« Un dévouement et un engagement total, issus de l’amour pour l’Œuvre de Dieu
et son peuple », s’est exprimé Duncan Mfune dans une interview en parlant de son principe fondamental. « Cela implique en outre un esprit combatif, le sens du sacrifice, l’esprit critique et
la disposition fondamentale à travailler avec n’importe qui. »
Le succès a été évident : durant son mandat, le nombre de membres en Zambie a doublé pour atteindre environ un million. L’Église a mis en place sa propre organisation d’aide humanitaire et s’est engagée dans un programme de prévention du SIDA. Tout en restant modeste. « Nous savons que nous n’en faisons pas assez. C’est pourquoi nous essayons de développer des approches plus efficaces en collaboration avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales. »
Un homme de cœur
Promouvoir « l’esprit d’unité dans la diversité » était la préoccupation particulière de l’apôtre de district Mfune. Ce n’était pas une tâche facile dans un pays qui compte plus de 70 groupes ethniques, qui jouent un rôle important surtout dans les zones rurales. D’autant plus que « dans chaque tribu, il y a des membres qui essaient toujours d’exploiter les différences ethniques ».
Travailler à cette unité, « c’est avant tout une œuvre d’amour ». Son caractère engageant lui a aussi été utile pour cela. « Il était détendu, gai, rentable, agréable, sympathique », rapporte un compagnon de route. « Si tu te tenais près de lui, tu avais gagné le ticket d’entrée pour une conversation riche en contenu, profonde, explicative et éclairante. »
Duncan B. Mfune est décédé le matin du 10 avril 2025 au centre médical CFB de Lusaka, où il était soigné depuis deux semaines. Il était optimiste quant à l’avenir de ceux qui lui avaient été confiés : « Le ciel est la seule limite. »