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Des chemins choisis à travers le désert

février 16, 2024

Auteur: Andreas Rother

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C’est l’autre Avent : depuis cette semaine, les chrétiens du monde entier se préparent à fêter Pâques. Il existe différents noms pour cette période, mais un objectif commun : se recentrer sur l’essentiel.

Le temps de la Passion, le temps de pénitence avant Pâques, le grand temps du Carême : c’est ainsi que les chrétiens protestants, catholiques et orthodoxes qualifient la période qui vient de commencer. Il s’agit de la quadragésime, qui signifie quarantième en latin, et plus précisément le 40e jour avant Pâques.

Pour ce faire, ils ont emprunté le chiffre 40 à la Bible : c’est le nombre de jours de pluie du déluge, c’est le nombre d’années de marche du peuple d’Israël dans le désert. 40 jours et 40 nuits, c’est le temps que Moïse a passé sur le mont Sinaï, pendant lequel Elie est allé au mont Horeb et pendant lequel Jésus est resté dans le désert. Et tous trois ont jeûné pendant ce temps. C’est exactement ce dont il s’agit en ce moment.

Connu dans de nombreuses religions

Depuis des millénaires, de nombreuses religions connaissent le jeûne, avec des motivations très différentes. Les uns se privent pour chasser les démons, les autres pour se préparer à une rencontre avec Dieu. Certains veulent faire une bonne œuvre envers leur prochain, d’autres veulent faire un cadeau à Dieu. C’est tantôt l’expression d’un deuil, tantôt un signe de repentance.

On trouve cela aussi dans la Bible : lorsque les habitants de Ninive se repentent ou que David pleure son ami Jonathan. Lorsqu’Anne, dans l’Ancien Testament, se rend au sanctuaire de Silo ou lorsqu’Anne, du Nouveau Testament, sert Dieu dans le temple. Et lorsque Saül se prépare à être baptisé. Mais alors, comment se fait-il que Jésus-Christ semble rejeter le jeûne ?

Comment le jeûne fonctionne réellement

Jésus est traité de « mangeur et buveur » de vin (ou, selon la Nouvelle Bible Segond : « un glouton et un buveur », NdT). « Pourquoi les disciples de Jean et les disciples des pharisiens jeûnent-ils, mais tes disciples ne jeûnent pas ? » Sa réponse était la suivante : « Tant que l’époux est avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. » C’est-à-dire : la présence de Christ sur terre est une raison de célébrer, pas de jeûner.

Cependant : « Mais des jours viendront où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. » Mais le jeûne sans repentance, sans volonté de changement ne vaut rien pour Jésus. Il le fait comprendre au moyen de la parabole du pharisien qui jeûne et du publicain qui se repent.

Et c’est ce que Christ évoque aussi concrètement en Matthieu 6 : 16-18 : « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. » Et : « Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret ».

Tout sauf l’ascèse

Le jeûne n’est pas un grand thème dans les épîtres des apôtres et dans l’Église primitive. Bien au contraire : Plus le christianisme se répand dans l’Empire romain – qui n’est pas vraiment connu pour son mode de vie ascétique – moins cela a d’importance.

Ce n’est qu’au troisième siècle que le jeûne reprend de l’importance, pour la semaine sainte en tant que préparation au baptême, qui a de plus en plus souvent lieu à Pâques. C’est de là que naît, jusqu’au cinquième siècle, le Carême d’une durée de 40 jours. Les réformateurs du début du XVIe siècle s’opposent à cette pratique alors figée dans les apparences.

Le jeûne pascal est aujourd’hui pratiqué par les croyants de nombreuses confessions. Le catholicisme et l’orthodoxie connaissent des prescriptions parfois strictes. L’Église néo-apostolique n’a pas de règles concernant le jeûne à des jours ou pour des occasions spécifiques, et s’inscrit ainsi dans la tradition de la Réforme. Le choix de jeûner ou non est laissé à l’appréciation personnelle de chacun.

La liberté de se recueillir

Le jeûne n’est pas seulement une privation partielle ou totale de nourriture. Il existe aujourd’hui de nombreuses manières de jeûner, qui contribuent à se libérer des mauvaises habitudes, à se recentrer sur l’essentiel et, dans le meilleur des cas, à servir aussi son prochain. Voici quelques exemples :

  • Renoncer pendant sept semaines à l’alcool, au tabac ou au sucre – le corps, « temple du Saint-Esprit » (I Corinthiens 6 : 19), en sera certainement reconnaissant.
  • La désintoxication numérique : prendre moins souvent son smartphone ou sa tablette en main, se soustraire aux poussées de dopamine liées au fait de faire défiler des images sans fin sur son écran.
  • Réduire son empreinte écologique : comment puis-je être plus à la hauteur de ma responsabilité envers la création afin de laisser un héritage plus sain à la prochaine génération ?
  • Le jeûne de la bouche : dois-je donner mon avis sur tout ? Cela ne me fait-il pas du bien, à moi aussi, de moins rouspéter, de moins me plaindre et me lamenter ?
  • Le jeûne des oreilles : ne plus participer à certaines conversations – laisser tomber les commérages, les ragots et les médisances.
  • Le jeûne des pensées : se mettre moins en colère, se réjouir davantage ; juger moins, aimer davantage.

L’essentiel, selon Jésus : il ne doit pas s’agir d’un spectacle, mais uniquement d’une affaire entre le croyant et Dieu.

Photo: Mihaela – stock.adobe.com

février 16, 2024

Auteur: Andreas Rother

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