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La bénédiction au lieu de la malédiction : Le voyant aveuglé

avril 24, 2018

Author: Andreas Rother

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Écoutez-le

Le premier vrai prophète de la Bible était au minimum un voyant et un devin. Mais il était tellement aveugle à la volonté de Dieu qu’un animal a dû apprendre à parler pour lui ouvrir les yeux : il s’agit de l’histoire de Balaam et de l’ânesse.

Ce que des archéologues néerlandais ont découvert en mars 1960 lors de fouilles dans les débris du tell de Deir ‘Alla (Jordanie) était en quelque sorte une sensation. Il leur a fallu sept ans pour assembler les quelque 150 morceaux de plâtre et publier le résultat : « Voici que les dieux vinrent auprès de lui de nuit … Et Balaam se leva le lendemain … et il pleurait intensément », est-il dit notamment sur l’inscription datant du début du premier millénaire avant Jésus-Christ.

Balaam ? Ne connaissons-nous pas ce nom de quelque part ? Effectivement : Balaam est l’une des rares personnes dans la Bible dont l’existence garantit des sources historiques indépendantes. Il apparaît subitement dans les chapitres 22 à 24 des Nombres. Si subitement que certains rabbins de la tradition talmudique ont voulu compter ce passage comme un livre de Moïse (livre du Pentateuque, NdT) à part entière.

Un peu du meilleur de la littérature

L’histoire se passe après la traversée du désert et un peu avant l’invasion des Israélites dans le pays promis. Le roi voisin Balak a peur du peuple éprouvé et habitué aux victoires et charge Balaam de maudire les Israélites – contre rémunération, bien sûr. Or, parce qu’un prophète ne peut dire que ce que Dieu lui ordonne, il prononce plutôt des paroles de bénédiction.

Ces chapitres sont habilement construits : Deux fois, Balaam se met en route pour son long voyage vers sa patrie lointaine, et, trois fois, il est retenu. Trois fois, il essaie de maudire, et, quatre fois, il bénit. Tandis que les bénédictions sont particulièrement poétiques dans leur forme et leur couleur, le récit utilise toutes sortes d’astuces de la dramaturgie : le chemin est de plus en plus étroit, le roi est de plus en plus désespéré.

Des étoiles dans le reflet

Deux passages laissent une forte impression. La dernière bénédiction culmine ainsi dans la prophétie suivante : « Un astre sort de Jacob … » (Nombres 24 : 17). La prophétie voit le Nouveau Testament s’accomplir en Jésus-Christ. Cela se reflète dans l’histoire de Noël – autour de l’étoile de Bethléhem : les mages viennent de loin, d’Orient, ils y retournent après leur apparition et poursuivent un genre de métaphysique assez suspect aux yeux des Israélites – tous comme le voyant Balaam.

Et il y a aussi le cas de l’ânesse : au cours du voyage de Balaam, l’ânesse recule parce qu’un ange de Dieu se met sur son chemin. Le voyant, cependant, ne le voit pas, et frappe l’ânesse pour la faire avancer – jusqu’à ce que Dieu fasse parler l’animal et ouvre ainsi les yeux du prophète.

Ce qui est déterminant : l’enseignement de Balaam

Maintenant, cela devient carrément ridicule : un animal qui parle ? Est-ce un conte de fée ? Les scribes juifs et les pères de l’Église chrétienne étaient déjà embarrassés avec ce passage. Mais plus d’un considérait comme déjà vécu au quotidien que des hommes comprennent ce que leurs animaux voulaient dire, même sans paroles.

Au final, ce qui importe n’est pas de savoir si l’ânesse a effectivement parlé ou si Balaam l’a seulement entendue. Ce qui est vraiment important, c’est quel enseignement on peut tirer de cette histoire. Il existe de nombreuses interprétations possibles, notamment celles-ci :

  • Si tu rencontres de la résistance dans ce que tu fais, regarde de plus près : peut-être y a-t-il un ange de Dieu qui veut te retenir. Puis, écoute bien : peut-être que ce que tu souhaites répugne au vouloir de Dieu.
  • Lorsque tu te tiens à l’autel et te sens comme un âne ; ou lorsque tu es assis dans le banc et que tu voudrais juger celui qui se tient à l’autel. Alors sois conscient de ceci : C’est Dieu qui donne du courage à ses serviteurs.
  • Et, pour finir : Sois rassuré, car celui qui cherche tant à te maudire peut toujours s’efforcer. À la fin, il ne réussira à faire qu’une seule chose, savoir d’être une bénédiction pour toi.

Photo: tibor13 / Fotolia

avril 24, 2018

Author: Andreas Rother

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