La forme suit le contenu : Lorsque l’hostie tamponnée évince la coupe de vin, lors de la sainte cène, un changement se met également en marche en ce qui concerne la forme des calices sur l’autel – jusqu’à obtenir une combinaison bien particulière.
Sa place se trouve tout près de l’officiant, sur l’autel, dans la communauté de Francfort-Ouest, riche d’une grande tradition : un calice décoré, sans couvercle métallique, mais couvert d’un petit tissu. Mais s’agit-il là d’une patène réglementaire, selon la tradition néo-apostolique ? Eh bien : Premièrement, il ne s’agit pas d’une patène. Et, deuxièmement, le calice raconte une grande partie de l’histoire néo-apostolique.
Celle-ci débute en 1917 : Pour des raisons hygiéniques, mais également économiques, le vin n’est plus distribué dans la coupe, lors de la sainte cène, mais sous forme de gouttes sur les hosties. « En vertu d’une résolution prise par les apôtres, cette procédure s’applique désormais à l’Oeuvre tout entière », écrivait, en septembre 1919, l’apôtre Johann Gottfried Bischoff, en s’adressant aux communautés et aux ministres de son champ d’activité. « Par conséquent, les grandes carafes de sainte cène n’ont plus lieu d’être posées sur l’autel, mais seulement les coupes et les patènes. »
Ainsi, les photos des années 1940 rendent compte d’une grande variété d’accessoires liturgiques sur les autels. Cela n’est pas surprenant, car l’histoire de la chrétienté a dressé richement la table du Seigneur avec des accessoires eucharistiques. On y trouve des calices avec et sans couvercles ; les premiers portent le nom de « ciboires ». Les hosties sont contenues dans des bols et des assiettes ; ces dernières portent le nom de « patènes ». Et le calice est entouré de nombreux tissus : les parements, l’étoffe sur laquelle on pose le calice (le corporal), le tissu pour nettoyer le calice (le purificatoire), celui pour recouvrir le calice (la pale) et même un tissu pour recouvrir entièrement l’ensemble (le voile).
Prototype pour une forme nouvelle
Les photos des années 1950 montrent subitement une tendance à l’uniformité. De plus en plus souvent, on trouve un calice qui, par sa forme ventrue, devient le prototype de ce que l’on reconnaîtra plus tard comme typiquement néo-apostolique. De façon pragmatique, le calice combine les traditions : la patène est ajoutée à l’intérieur du calice, en tant que coupe supplémentaire, qui se révèle être un ciboire, grâce à son couvercle métallique. L’élément final est la croix sur le dessus du calice. Et l’ensemble se présente sobrement.
Ce modèle a été conçu tout d’abord en Allemagne méridionale. Les nouveaux éléments liturgiques ont été acquis à l’état brut puis finis à Cannstatt : pour cela, il fallait revêtir l’intérieur et l’extérieur, fixer la croix et polir la surface. C’est ce que relate Christoph Müller, de Wurzen (Allemagne de l’Est), dont le métier était le repoussage des métaux, et qui fabrique aujourd’hui des calices de sainte cène pour le compte de l’Église néo-apostolique.
Et d’où connaît-il cela aussi bien ? Son père, déjà, exerçait ce métier, et il a reproduit précisément cette présentation. Un ancien de district avait emmené le ciboire d’Allemagne de l’Ouest vers l’ancienne RDA, afin d’y commencer également la production de la « nouvelle forme ».
La diversité sur l’autel
Pendant ce temps, une certaine diversité est restée : selon Christoph Müller, une douzaine de ciboires différents sont utilisés, rien qu’en Allemagne. En commençant par les modèles simples d’après-guerre, en tôle, jusqu’aux exemplaires en cuivre et en laiton, plus ou moins ventrus, avec un pied haut ou plus bas, le couvercle doté de l’emblème de l’Église ou d’une croix, cette dernière massive ou juste esquissée.
En Afrique, les accessoires liturgiques peuvent être fabriqués en bois tourné ou même sculpté. Pour les voyages missionnaires, des coupes plates avec couvercle, sans pied, ont été produites spécialement, pour leur facilité de transport. Ce sont ces modèles qui ont été utilisés notamment lors des Journées européennes de la jeunesse, en 2009, ou lors du Rassemblement religieux international, en 2014, et qui sont actuellement produits notamment en Inde.
De façon sporadique, on trouve encore aujourd’hui des calices de sainte cène décorés de façon coûteuse et complexe. En particulier dans la région de Hesse, en Allemagne, certaines communautés conservent des trésors antiques d’anciens temps néo-apostoliques. Comme par exemple dans celle de Francfort-Ouest, oui, précisément celle avec le petit tissu sur le dessus du calice – non, pardon : le parement.