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La femme qui a ri deux fois

décembre 15, 2018

Auteur: Andreas Rother

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Parfois, l’Avent se prolonge trop longtemps – durant des années voire des décennies, au lieu de durer quelques semaines ou quelques mois. Et l’on perd patience. Des actes de désespoir se produisent alors. Malgré tout, il peut y avoir lieu de rire à la fin. C’est ce que nous explique un classique de la Bible.

Encore un enfant, promis depuis longtemps et censé influer sur le destin du monde. Encore une femme vivant dans l’attente, tout au moins dans l’espoir d’attendre un heureux événement. Toutefois, il ne s’agit pas d’une vierge, ni même d’une jeune femme, mais d’une vieille femme, « usée », comme elle le dit elle-même.

Sara a ri. Elle se trouve à l’entrée, derrière la toile de tente, et écoute les trois hommes qui parlent à son Abraham. Quoi, elle est censée tomber enceinte ? Et d’ici un an ?! À plus de 90 ans ? Elle éclate de rire. La postérité interprétera son rire comme de l’incrédulité. Mais est-ce réellement juste ?

Abandonnée à l’étranger et à des étrangers

Pourtant, cette femme a fait preuve de beaucoup de patience. Cela a déjà commencé lorsque son cher époux a cru entendre la voix de Dieu. Ils ont alors quitté leur patrie bienaimée pour se rendre à Canaan, un pays étranger, à travers de nombreux pays. Même pour une femme de nomade, il faut avoir des nerfs d’acier pour supporter cela.

Ou encore lorsqu’Abraham a trouvé la situation trop dangereuse à cause de sa ravissante Sara. Parce qu’il craignait que d’autres hommes puissent vouloir le tuer pour avoir sa femme, il a préféré la faire passer pour sa sœur, l’abandonnant à des hommes étrangers et acceptant en échange de riches présents. Et cela s’est même produit deux fois : d’abord avec Pharaon, en Égypte, puis avec le roi de Guérar.

Cinq promesses et un plan B

Et il y avait aussi cette histoire d’enfants. Dieu leur avait promis une postérité aussi nombreuse que le sable qui est sur le bord de la mer, à cinq reprises : une première fois avant même de quitter leur patrie, puis après la séparation de Lot et après la rencontre avec Melchisédech, finalement au moment du changement de nom et maintenant ici, parmi les chênes de Mamré. Pourtant, il ne s’est rien passé.

Effectivement, elle a fait preuve de patience. Pourtant, à un moment donné, Sara a perdu patience. Et elle a pris les choses en main personnellement. Elle a donné sa servante Agar à son mari. Pour qu’il obtienne sa descendance. C’était un plan B tout-à-fait courant à cette époque. Néanmoins, les deux femmes n’ont pas supporté ce succès : l’une est devenue arrogante, l’autre amère. Ce qui a provoqué des disputes, des humiliations, et la fuite.

C’est Dieu qui lui permet de rire

Certes, les promesses se sont faites de plus en plus concrètes : l’avant-dernière fois, Dieu a mentionné un nom pour l’enfant, et, maintenant, quelque chose qui ressemble à une date pour la naissance. Malgré cela, Sara ne peut s’empêcher de rire. Pourtant, elle ne pense pas tant au fait qu’elle a dépassé la ménopause depuis longtemps. Elle se dit plutôt : Maintenant que je suis « balah » – ce qui en hébreu signifie « usée », comme des vêtements usés ou des os pourris – je devrais encore avoir de l’« ednah » – en hébreu : du plaisir, du désir, le plaisir des sens - ? « Et mon maître est, lui aussi, déjà vieux. »

Lorsque Sara éclate de rire, est-ce réellement de l’incrédulité ? Ou bien ce rire n’est-il finalement qu’un mélange de consternation étonnée et d’heureuse surprise, dans laquelle Abraham se jette lui aussi à genoux devant Dieu peu de temps avant de conclure l’alliance avec Dieu ? Peut-être est-ce la raison pour laquelle la femme renie son rire, cachée derrière la toile de tente, lorsque les trois hommes cherchent à en savoir plus, cet instant où elle reconnaît à son tour son Dieu.

Effectivement, Sara a fait preuve de patience – et elle a également perdu patience. Néanmoins, elle se laisse désormais guider par la pensée suivante : Un tel miracle pourrait-il réellement être impossible à Dieu ? À la fin, elle émet de nouveau un rire. C’est Dieu qui lui permet de rire. Et tous ceux qui le voient rient également à cause de cette vieille femme qui allaite. Rient-ils pour se moquer d’elle ou rient-ils avec elle ? Cela lui est égal, car son Avent a atteint son Noël. Et l’enfant porte le nom qui lui correspond : Isaac – ce qui traduit, signifie : « il rit ».

décembre 15, 2018

Auteur: Andreas Rother

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