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La lumière après les ténèbres

janvier 8, 2015

Auteur: Andreas Rother

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Le récent concert donné par l’ensemble vocal de Wilhelmshaven en mémoire de la catastrophe du tsunami en Asie du Sud-Est, il y a de cela dix ans, a procuré réconfort et soutien. Comment les personnes concernées et les bénévoles ont-ils vécu cette catastrophe ? Voici quelques souvenirs personnels :

Ce 27 décembre, les chants interprétés par le chœur en l’église de Lubeck parlaient du « pouvoir glaçant de la mort » et de « la lumière qui brille après les ténèbres ». Parmi l’auditoire, on comptait de nombreux proches, de différentes confessions religieuses, qui ont perdu des parents et des amis au cours de cette catastrophe naturelle : un séisme d’intensité 9 sur l’échelle de Richter avait ébranlé l’océan Indien le 26 décembre 2004, en provoquant un gigantesque raz-de-marée qui a fait quelque 250 000 victimes.

L’auditoire a été particulièrement ému par l’intervention du prêtre Klaus Gatzke qui avait perdu son fils Florian lors de ce tsunami.

Le glas de nos espoirs

Dès le premier jour de congés, Florian, alors âgé de 26 ans, avait été conquis par la Thaïlande. « Nous nous sommes téléphoné le soir de Noël, racontent Regina et Klaus Gatzke. Nul ne pouvait alors imaginer que ce serait notre dernier échange. » C’est « comme d’habitude, en toute tranquillité » que la famille de Travemünde avait entamé la journée du lendemain, 26 décembre, lorsque, tout à coup, la télévision a diffusé un reportage sur ce fameux raz-de-marée. Inquiets, les parents ont cherché à joindre Florian. En vain.

« Nous étions consternés, au bord des larmes, se souvient Klaus Gatzke. L’inquiétude nous étreignait, nous ne pouvions plus ni manger ni dormir. Nous avons passé nos jours et nos nuits à regarder la télévision, à passer des appels téléphoniques, à prier et à espérer. »

C’est des mois plus tard seulement, le lundi de Pâques, qu’ils ont enfin été fixés : « La nouvelle du décès a sonné le glas de nos espoirs. Nous avons plongé de plus belle dans la souffrance et le deuil. » Après la cérémonie funèbre très émouvante de Florian, sa fiancée a porté l’urne funéraire jusqu’à la tombe. Une main secourable l’avait sauvée de la mort pendant le tsunami, mais elle continue de faire des cauchemars et ne supporte plus d’entendre le moindre clapotis de l’eau.

Regina et Klaus Gatzke trouvent du réconfort dans les échanges avec d’autres personnes concernées, dans la prière ainsi que dans l’espérance, suscitée par la foi, de retrouvailles ultérieures. « Nous avons vécu et vivons encore la proximité de Dieu avec une intensité que nous n’aurions sans doute jamais connue autrement. »

Des bénévoles sur place

À cette époque-là, l’évangéliste de district en retraite Erwin Santschi était logé à quelque 300 mètres de la plage, à Kamala, en Thaïlande, lorsqu’il a entendu les cris d’alerte à l’inondation. Avec son épouse et beaucoup d’autres personnes, il s’est réfugié sur une élévation de terrain, dont ils sont redescendus quelques heures plus tard. Chez eux et dans le voisinage, les dégâts étaient somme toute limités. L’évangéliste a alors appris que plusieurs autres frères et sœurs avaient échappé de justesse à la mort. Plus bas, dans le village, beaucoup de maison avaient été détruites.

Par mission de l’apôtre de district Studer et de l’apôtre Urs Hebeisen, Erwin Santschi s’est mis à organiser l’aide sur place. Il a réparti l’argent provenant de virements faits à partir de la Suisse dans des enveloppes qu’il a distribuées ensuite dans des hébergements d’urgence. Il raconte : « C’était touchant de voir les destinataires se confondre en remerciements, parce que quelqu’un avait pensé à eux. »
L’évangéliste de district ne se trompe cependant pas sur l’efficacité réelle d’une telle aide : « Beaucoup de personnes concernées par ce tsunami continuent d’être tristes et de souffrir, même dix ans plus tard. Et le prêtre Leo Portvliet, qui vivait alors en Indonésie, de compléter : « Ce que nous pouvons faire est d’une portée très limitée, mais nous pouvons continuer de prier pour les victimes, pour celles qui ont péri et pour celles qui ont survécu et qui sont toujours traumatisées. »

Un cri de réveil à l’adresse de l’Église

« Pour moi, dit l’actuel apôtre de district Urs Hebeisen, le tsunami a été une expérience qui m’a avant tout fait prendre conscience de ma propre impuissance. Tout d’un coup, une exigence était formulée à l’égard de notre Église, à laquelle nous n’étions nullement préparés. Du jour au lendemain, nous disposions de sommes d’argent considérables, provenant de dons, sans savoir comment les utiliser à bon escient pour apporter une aide efficace. »

Comme c’est notre mission, nous nous sommes très rapidement tournés vers les pauvres, pour ces couches de la société auxquelles personne ne s’intéresse », se souvient l’apôtre de district en évoquant l’inlassable engagement de l’évangéliste de district Santschi : « Il se rendait dans les familles pour tenter, par le biais des échanges personnels, de savoir comment les aider spontanément, sans grand renfort de bureaucratie, simplement en allant vers ces gens. »

« Pour moi, le tsunami a été comme un cri de réveil qui m’a fait comprendre que le grand public attendait davantage de nous, en tant qu’Église, que de simples soins pastoraux », conclut Urs Hebeisen. L’Église dispose d’un grand capital de confiance suscitant de grandes attentes à son égard : « Pour moi, le tsunami a été le moment de la fondation du « NACSEA Relief Fund », l’organisation d’aide humanitaire de l’Église néo-apostolique du Sud-Est asiatique. « C’est un organisme de coordination et de prestation de services capable de gérer très précisément le capital de confiance dont dispose l’Église, sans politique politicienne, sans bureaucratie, sans complexité inutile. Un organisme qui travaille directement avec les hommes, pour les hommes. »

« Avec les hommes, pour les hommes », telle était aussi la devise du concert de Lubeck. L’auditoire a fait un large usage de la possibilité qui lui était offerte de faire des dons. Le montant de la collecte est destiné à l’association : « Centre pour enfants et jeunes adultes en deuil », car l’accompagnement par des personnes expérimentées dans ce domaine fait aussi partie de cette « lumière qui brille après les ténèbres. »

janvier 8, 2015

Auteur: Andreas Rother

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