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« La paix n’existe pas dans notre pays »

novembre 6, 2019

Auteur: Oliver Rütten

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Christophe vit dans un camp de réfugiés depuis 23 ans. À 51 ans, il veille sur sa famille composée de dix personnes et s’occupe de ses frères et sœurs en tant que prêtre. Une vie faite de grands défis et d’un rêve encore plus grand.

« Nous nous portons bien et nous supportons la situation dans l’amour de Jésus », écrit Ayumba Eca Christophe. Ce réfugié congolais est époux, père de huit enfants et prêtre. Cela fait plus de vingt ans qu’il vit dans le « Nyarugusu Refugee Camp », en Tanzanie. Équipé de son téléphone portable, un modèle ancien, il garde le contact avec sa patrie, ses amis, ses frères et sœurs en la foi. Ici, dans le camp, Christophe travaille et célèbre des services divins avec ses frères et sœurs en la foi.

En fuite durant plusieurs mois

À l’époque, ils ont dû fuir, quitter leur pays familier. À l’est du Congo, les rebelles se battaient contre le gouvernement de Mobutu, avec le soutien de trois pays voisins. Un conflit de longue durée, un conflit impitoyable, qui a détruit des existences, déchiré des familles et qui a coûté la vie à beaucoup de gens. Ils étaient en fuite pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce qu’ils soient conduits par des officiers de l’UNHCR, le commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, et les autorités tanzaniennes dans le camp de réfugiés de Nyarugusu.

Pas en prison, mais pas non plus en liberté

Ce n’est pas une prison, relate Christophe, mais « nous ne sommes pas non plus libres de faire tout ce que nous voulons. En outre, nous ne pouvons générer que très peu de revenus, juste de quoi survivre. » Malgré tout, l’époux et père de famille n’a pas renoncé à ses rêves : « Nous aimerions nous installer dans des pays tiers, notamment aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie ou en Allemagne. Là-bas, nous pourrions vivre en paix. » Et ce rêve a bon espoir : « Certains de nos frères et sœurs ont déjà pu quitter le camp de réfugiés », nous relate Christophe. Ils ont pu partir à l’étranger grâce au processus de déplacement de l’UNHCR.

Le camp de réfugiés de Nyarugusu, à Kasulu Kigoma, a une superficie de sept kilomètres carrés. « Avec environ 150 000 réfugiés, le camp est l’un des plus grands et des plus connus des camps de réfugiés du XXIe siècle », explique l’encyclopédie en ligne Wikipedia. Le camp a été créé en 1996 par le HCR et par le gouvernement tanzanien. À l’époque, près de 150 000 réfugiés congolais originaires de la République Démocratique du Congo ont franchi la frontière pour se rendre en Tanzanie, fuyant la guerre civile. Il a fallu leur fournir une aide d’urgence.

Des églises construites par leurs soins

Or, Christophe ne se préoccupe pas seulement de lui-même et de sa famille. « Je suis prêtre et j’assure les soins pastoraux à treize familles dans le camp. Notre communauté compte trois autres prêtres, un évangéliste et un berger. » Et cette communauté n’est pas la seule dans le camp. « Au total, on compte huit communautés à Nyarugusu : 3200 frères et sœurs sont répartis dans les communautés A, B, C, D, E, F, G et H », nous explique le frère du ministère.

Deux tiers des chrétiens néo-apostoliques dans le monde ne disposent pas de leur propre église. Ils se réunissent en plein air ou dans des locaux en location. Ici, à Nyarugusu, les frères et sœurs disposent d’églises. Et ils en sont reconnaissants et en même temps un peu fiers : « Toutes les églises ont été construites avec nos propres moyens. Nous avons fait des efforts et nous avons reçu de petits dons en provenance des États-Unis, de la part de nos frères qui ont émigré grâce au processus de déplacement et qui désormais nous soutiennent financièrement ici, dans le camp. »

La sainte cène tous les dimanches

Ce sont les services divins qui apportent à Christophe et à ses frères et sœurs la confiance et l’espérance. « Nous nous réunissons tous les dimanches. Nous prions et nous célébrons la sainte cène régulièrement. Dans toutes les communautés ! », souligne le prêtre. Et, à chaque fois, c’est un cadre solennel. De nombreux membres de la communauté viennent au service divin habillés en noir et blanc ; c’est important pour eux.

Ils disposent également d’une chorale de communauté. Le cercle des musiciens compte entre 20 et 25 choristes. « Lorsqu’un service funèbre est prévu ou que l’apôtre nous rend visite, la chorale peut facilement grossir à 150 choristes », relate le prêtre. L’an dernier, ils ont reçu la visite de l’apôtre de district Joseph Ekhuya, qui dessert le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Cette visite a suscité une grande joie parmi les frères et sœurs du camp de réfugiés.

Se confier en Dieu

Christophe est marié à Kisiya Bushiri Clementine ; ils ont huit enfants, « une bénédiction ! », comme dit Christophe : leur fils Uhana Patient (21 ans), leurs filles Louise (16 ans), Wakati (14 ans), Vumilia (13 ans), Johari (11 ans), Masoka (7 ans), Durcas (3 ans) et leur fils cadet, Jack (1 an).

Ayumba Eca Christophe est professeur de français et enseigne les enfants à l’école de Neema. Il parle le swahili, le beembe, le français et l’anglais. Il gagne 20 dollars … par mois. Cela ne suffit pas, évidemment.

« J’implore ardemment mon Dieu tout-puissant de m’aider », exprime Christophe. Son plus grand souhait est de pouvoir émigrer grâce au programme de déplacement de l’UNHCR. « En outre, je suis heureux de connaître le chemin qui mène au salut en Jésus-Christ. » Et il poursuit : « Même si nous nous trouvons face une situation insupportable : nous faisons confiance à Dieu et, un jour, il essuiera les larmes de nos yeux et nous verrons la gloire de Dieu ».

novembre 6, 2019

Auteur: Oliver Rütten

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