Le ministère (24) : Pourquoi les Douze n’étaient que des hommes
Oui, Jésus n’a appelé que des hommes comme apôtres. Mais cela ne donne pas de réponse à la question de l’ordination des femmes. Car son choix n’a absolument rien à voir avec cela. Christ lui-même le dit assez clairement.
Le Catéchisme de l’Église néo-apostolique ne laisse planer aucun doute à ce sujet : « Tout ce qui est et sera constitutif de l´Église trouve son fondement dans la parole, l´œuvre et la nature de Jésus. » (CÉNA 6.3). Il est clair aussi que « Jésus-Christ lui-même a doté directement son Église d´un ministère seulement, savoir le ministère d´apôtre » (7.4). Et enfin : « Dans le cercle de ses disciples, Jésus-Christ a choisi douze hommes pour les établir dans le ministère d’apôtre. » (7.4.2).
Exclusivement des hommes : c’est ce que rapportent les passages en Matthieu 10 : 1-4, Marc 3 : 13-19 et Luc 6 : 13-16. Cela signifie-t-il que Jésus-Christ considérait que les femmes n’étaient pas aptes à devenir des ambassadrices à sa place ? Il n’a absolument pas dit cela. Il n’a absolument pas justifié son choix. Et pourtant, ses propres paroles montrent ce qu’il voulait réellement dire en appelant les douze apôtres.
Signe du départ pour le peuple de Dieu
« L’Éternel est ici. » C’est sur ces mots que se termine le livre d’Ézéchiel (48 : 35). C’est le nom de la ville de la fin des temps. Ses douze portes portent le nom des patriarches du peuple d’Israël. Il s’agit de la régénération au niveau spirituel, géographique et politique dont parle le livre d’Esaïe dans les chapitres 2, 4, 11, 32 et 35, du renouveau par le Messie : « Il élèvera une bannière pour les nations, il rassemblera les exilés d’Israël, Et il recueillera les dispersés de Juda, Des quatre extrémités de la terre. » (Esaïe 11 : 12).
Le signe est donné par Jésus-Christ avec l’appel des douze apôtres. C’est ce qu’il explique clairement face aux disciples : « quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. » (Matthieu 19 : 28). Et c’est ainsi qu’il est compris, notamment lorsque l’Apocalypse de Jean dit au sujet de sa ville de la fin des temps, la nouvelle Jérusalem : « La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau. » (Apocalypse 21 : 14).
Pas des filles, mais des fils
L’appel des Douze est un signe, tel que le judaïsme en connaissait déjà par les anciens prophètes. Les apôtres représentent les douze fils de Jacob et représentaient ainsi l’ensemble du peuple d’Israël. En instituant ce cercle, Jésus montre à quel point son message allait être répandu et qu’il allait accomplir les promesses de restauration d’un nouveau peuple de Dieu.
Les figures d’identification du peuple de Dieu étaient les fils de Jacob, les patriarches, donc uniquement des hommes. Si Jésus-Christ avait également appelé des femmes dans ce cercle, ses contemporains n’auraient pas reconnu le nombre de douze et n’auraient pas compris son signe. Son choix n’avait donc absolument rien à voir avec la question de savoir si les femmes pouvaient porter un ministère, mais il était de nature symbolique dans le contexte culturel de l’époque.
Méprisés en tant que témoins
« …vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1 : 8) C’est ainsi que le Ressuscité a esquissé sa mission aux apôtres. À l’époque, cependant, cela ne pouvait se faire qu’avec des hommes. En effet, des obstacles culturels se dressaient sur le chemin des femmes.
D’une part : la proclamation de l’Évangile a commencé dans le milieu juif et s’est faite en premier lieu dans les synagogues. On en trouve des exemples en Marc 1 : 39 et à partir de 6 : 1, ainsi qu’en Actes 13 : 14 et 17 : 17. Or, dans ces lieux de culte, seuls les hommes avaient le droit de parler. Des apôtres de sexe féminin n’auraient eu aucune chance.
D’autre part : devant les tribunaux juifs, seuls les hommes étaient en principe autorisés à témoigner. À l’époque, les femmes seules n’étaient guère considérées en tant que personnes, au sens juridique. Leur témoignage était peu apprécié. Les apôtres ont réagi en conséquence au message pascal des femmes : « Ils prirent ces discours pour des rêveries, et ils ne crurent pas ces femmes. » (Luc 24 : 11).
Néanmoins : Contrairement à toutes les règles culturelles fondamentales, Christ, en tant que Ressuscité, s’est montré en premier aux femmes, faisant d’elles, de fait, les témoins principaux. Cela a eu des répercussions sur le christianisme primitif. Les femmes y jouaient un rôle bien plus important qu’on ne le pense souvent. Ce sera le sujet du prochain article de cette série.
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