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Les sacrements (12) : Le baptême en a vu de toutes les couleurs

juin 23, 2020

Author: Andreas Rother

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Réception, purification, renouvellement total : la Bible connaît de nombreuses interprétations du baptême. La signification concrète du sacrement pour les hommes a changé au fil de l’histoire du monde – souvent une question de politique et de société.

Un tournant décisif était le tournant au moment de l’édit de Constantin – cette période, au IVe siècle, au cours de laquelle le christianisme s’est développé pour passer de minorité persécutée à religion d’État de l’empire romain. Les périodes précédente et suivante n’auraient pas pu être plus disparates.

Le tournant vers un monde opposé

Avant, le baptême signifiait : sortir de l’environnement précédent, pour rentrer dans une société parallèle hostile. C’est ainsi que l’interprétation en tant que tournant radical, en tant que mort de l’ancien homme et naissance du nouvel homme, a dominé. Cela s’exprimait aussi dans la liturgie. Le baptisé ne professait pas seulement sa foi en Jésus-Christ, mais se détournait aussi expressément de sa vie d’avant.

C’est de là que viennent les confessions de foi baptismales, comme elles ont été conservées dans le vœu de confirmation néo-apostolique : « Je renonce au diable, à toutes ses œuvres et manifestations … » C’est à cette période que le baptême a été associé pour la première fois au terme de « sacramentum », le serment de fidélité des soldats et fonctionnaires romains.

On ne baptisait qu’après une période de préparation, au cours de laquelle les candidats au baptême devaient acquérir des connaissances approfondies dans les questions bibliques et dans la doctrine. C’est ainsi que s’est développé l’ordre des « catéchumènes », qui faisaient déjà partie de l’Église même non baptisés.

Expérimenter véritablement la nouvelle vie

Ce monde a été bouleversé lorsque le christianisme a été d’abord toléré puis élevé au rang d’Église de l’Empire. Les candidats n’ont alors plus été aussi pressés de changer radicalement de vie. Nombreux sont ceux qui se sont fait baptiser sur leur lit de mort. Le parfait exemple a été l’empereur Constantin lui-même.

C’est pour cela que les théologiens ont souligné les aspects mystiques, le fait d’être intégré dans le destin de Jésus en étant baptisé. L’activité du sacrement devait être expérimentée avant d’être comprise. C’est à ce moment que le terme biblique grec « mysterion » a été associé au terme romain « sacramentum » pour donner le terme actuel de sacrement.

En parallèle, les candidats au baptême pouvaient participer que graduellement à la vie de communauté en fonction de leur niveau de formation : c’est au plus tard depuis ce moment que seuls les baptisés sont autorisés à participer à la sainte cène.

C’est le pouvoir en place qui décide

Le baptême en tant que changement d’autorité dans le domaine d’autorité de Jésus-Christ : cette interprétation a dominé au début du Moyen Âge – à l’époque où des peuples entiers ont été christianisés, parce que leurs souverains le voulaient ainsi.

Cela a conduit à des excès, notamment la conversion de force des Saxes, sous le règne de Charlemagne. Ce qui a souvent donné des interprétations propres de la Bible, pour lesquels un alphabet propre a parfois dû être inventé auparavant – comme pour les Arméniens, les Goths et les Slaves.

Des questions anciennes posées d’une façon toute nouvelle

La « scholastique » du Moyen Âge tardif a été marquée par la touche finale théologique : les érudits ont complété ce que les pères de l’Église ont commencé. Cela commence avec la distinction entre la validité et l’efficacité du baptême à partir de la dispute des hérétiques de l’Église primitive, et ne s’arrête pas avec la doctrine d’Augustin du péché originel.

À cette époque, l’aspect du pardon des péchés a pris de l’ampleur dans la définition du baptême. Cela s’est également démontré dans la liturgie. Le baptisé était plutôt aspergé d’eau que plongé dans celle-ci. Car le lavage était devenu plus important que la noyade.

Tout est-il réglé ? Loin de là, car c’est là qu’est arrivée la Réforme, ouvrant à nouveau toute une série de débats – et avant tout la question du baptême des enfants. Ce sera le sujet du prochain article de cette série.

Photo : Anciens fonds baptismaux à Stobi (Macédoine) (Tomisti, CC BY-SA 3.0 DE)

juin 23, 2020

Author: Andreas Rother

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