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« Ma langue s’attache à mon palais »

février 20, 2024

Auteur: Redaktion spirit

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Le jeûne de la bouche, ou : Parfois, c’est dans le silence que l’on peut rencontrer Dieu. Ce que l’Ancien Testament dit au sujet du silence, une réflexion sur le temps de la Passion qui commence.

Le silence est ambigu. Ce qu’il a à dire se révèle à chaque fois de son contexte. Dans l’Ancien Testament, le silence peut signifier que quelqu’un est impuissant (Psaume 94 : 17) ou qu’il attend passivement (I Rois 22 : 3). On appelle au silence pour apaiser ( Nombres 13 : 30), les gens tranquilles sont tolérants (Psaume 35 : 20). Le silence peut aussi être un refus de communiquer, une absence de réaction (Psaume 58 : 5 ; Proverbes 17 : 28).

Devenir sage

La communication, c’est parler et écouter, tandis que l’écoute ne fonctionne qu’en silence. Ce n’est que lorsque les deux sont présents dans une bonne mesure que la transmission de l’information réussit : sans silence, pas de compréhension (Siracide 6 : 33-35). Par son silence, celui qui écoute fait preuve d’attention, de respect et de volonté d’assimiler les connaissances proposées et d’y réfléchir. Le silence est une condition préalable pour développer la sérénité et la réflexion et devenir sage. Un tel silence est, comme le fait de parler, une attitude active. L’Ancien Testament préfère souvent le silence à la parole (Proverbes 10 : 19), et si l’on doit parler, le discours doit être bref, comme celui de quelqu’un qui sait aussi se taire (Siracide 32 : 8). Les personnes sages se taisent au lieu d’insulter ou de rabaisser les autres (Proverbes 11 : 12), et savent quand la critique est appropriée et quand il vaut mieux ne rien dire (Siracide 20 : 1). De même, la sagesse consiste à garder les secrets et à s’abstenir de donner de fausses consolations (Juges 3 : 19 ; Tobie 10 : 7).

Patience et tranquillité

Si vous n’avez rien à répondre à l’argument d’autrui, vous devriez rester silencieux, comme Aaron le fait lorsque Moïse lui explique pourquoi Dieu a fait mourir ses fils (Lévitique 10 : 3). Celui qui se sent coupable se tait souvent par honte (Psaume 32 : 3) – il sent que ce n’est pas le bon moment pour parler (Ecclésiaste 3 : 7). En gardant d’abord le silence, on ne risque pas de réagir trop vite, mais on peut attendre un moment propice pour exposer sa requête, comme le serviteur d’Abraham qui observe Rébecca au puits (Genèse 24 : 21). Au début de son règne, Saül aussi reste prudent et se tait face à toutes les calomnies (I Samuel 10 : 27). Souvent, on n’y parvient pas de soi-même, mais on a besoin d’être encouragé et rassuré par d’autres pour pouvoir maintenir son silence, comme le peuple d’Israël, qui doit sans cesse être rappelé à l’ordre par ses conducteurs de ne pas murmurer, mais de mettre sa confiance en Dieu (Nombres 13 : 30). C’est absolument nécessaire, car c’est au milieu du silence que la parole de Dieu peut déployer toute son efficacité et apporter le salut à son peuple (Sagesse 18 : 14). L’auteur des Psaumes le sait bien, lui qui s’exhorte sans cesse à rester silencieux et à avoir confiance en l’aide de Dieu (Psaume 37 : 7).

Faux silence

Il y a un temps pour tout, pour le silence comme pour la parole, d’après Salomon (Ecclésiaste 3 : 1-11). Le silence et la tranquillité ne sont pas toujours la réaction appropriée. En cas de danger, il peut être important de prier Dieu, voire de crier vers lui (I Samuel 7 : 8), et les belligérants peuvent mal interpréter la tranquillité comme une capitulation (I Rois 22 : 3). De même, si vous avez une bonne nouvelle à annoncer, ne la passez pas sous silence (II Rois 7 : 9).

Le mutisme et la mort

Celui qui est muet est condamné au silence (Sagesse 10 : 21) ; dans ce cas, le silence n’a plus rien de positif. C’est également ce que décrit le Psaume 22 : 16, dans lequel l’auteur exprime son désespoir et son épuisement absolus : Je suis comme de l’eau qui s’écoule, Et tous mes os se séparent ; Mon cœur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles. Ma force se dessèche comme l’argile, Et ma langue s’attache à mon palais ; Tu me réduis à la poussière de la mort. (Psaume 22 : 15-16). À la fin de la vie, les manifestations de vie se taisent (Juges 19 : 28) – le silence comme signe avant-coureur de la mort. L’expression de l’horreur est le silence, lorsque toute vie est détruite par la guerre dans un lieu et qu’il n’y règne plus que le silence (Amos 8 : 3). Les situations qui mettent la vie en danger provoquent une sidération (Exode 15 : 16), et la tristesse peut s’exprimer, outre par des lamentations bruyantes, aussi par le mutisme, comme le vivent Job et ses amis (Job 2 : 13). De même, Jacob se tait lorsqu’il apprend que sa sœur Dina a été violée (Genèse 34 : 5). Dans l’Ancien Testament, les enfers sont logiquement décrits comme un lieu totalement silencieux, où aucune communication avec Dieu n’est possible : Ce ne sont pas les morts qui célèbrent l’Éternel, Ce n’est aucun de ceux qui descendent dans le lieu du silence. (Psaume 115 : 17).

Quand Dieu se tait

L’homme peut rencontrer Dieu de deux manières : par la louange, l’action de grâce et l’adoration, ou par un silence respectueux (Psaume 65 : 2). Le Dieu d’Israël se distingue des idoles muettes des autres peuples en ce qu’il communique avec son peuple par l’intermédiaire de prophètes ; ce n’est pas un Dieu silencieux. Toutefois, si l’homme a temporairement l’impression que Dieu se tait à son égard, cela conduit à la peur et au désespoir (I Samuel 8 : 18). Dieu punit les faux prophètes par son silence et les pousse ainsi à la ruine (Michée 3 : 7).

Le croyant qui prie Dieu et ne reçoit pas de réponse lui demande en se plaignant de ne pas se taire face aux dangers qui le guettent et être loin de lui (Psaume 3522). Le silence n’est pas ici simplement perçu comme une omission, mais comme un acte conscient de Dieu, par lequel il s’éloigne de celui qui prie. Pourquoi Dieu se tait-il lorsque des infidèles menacent et tourmentent les justes (Esaïe 64 : 11) ? Le Tout-Puissant réprimande de tels doutes : Et Dieu dit au méchant : […] Tu t’assieds, et tu parles contre ton frère, Tu diffames le fils de ta mère. Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu. Tu t’es imaginé que je te ressemblais. (Psaume 50, extrait 16.20.21). Car Dieu ne se tait pas indéfiniment, mais finira par apparaître dans l’éclat et la gloire, et il jugera les ennemis de son peuple (Psaume 50 : 2-4). Pour l’amour d’Israël, il ne peut se taire durablement, mais il rend la pareille aux mauvaises actions. Sachant cela, le croyant peut être calme et tranquille dans la sécurité de Dieu (Psaume 131 : 2) : même si Dieu ne répond pas toujours, il ne cessera jamais d’écouter les siens et d’être là pour eux.

Une version plus longue de cet article a été publiée dans le magazine de l‘Église néo-apostolique spirit, numéro 05/2019 (magazine destiné à la jeunesse, uniquement en allemand, NdT).

Photo : Kittiphan – stock.adobe.com

février 20, 2024

Auteur: Redaktion spirit

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