Une Église et beaucoup de cultures : Active dans la quasi-totalité des pays du globe, l’Église néo-apostolique s’est aussi présentée sous cet angle lors du rassemblement religieux protestant, la plus grande rencontre interconfessionnelle d’Allemagne. Il n’y a pas été question de foi seulement, mais aussi d’aide humanitaire et de formation.
Le rassemblement protestant allemand a lieu tous les deux ans. Y sont représentées, sur ce qu’il est convenu d’appeler le « Marché des Possibilités », outre les Eglises protestantes nationales et libres, de nombreuses autres confessions. Lors de cette 35e édition, l’Église néo-apostolique a proposé une table ronde intitulée : « Un monde et beaucoup de cultures : l’Église néo-apostolique en Afrique occidentale ». L’animateur en était l’apôtre Volker Kühnle, le Président du Groupe de travail Contact interreligieux et interconfessionnels (GT CII) : y discutaient entre eux des participants ayant une excellente connaissance des cultures de l’Afrique et de l’Europe .
Fonder des communautés
Parmi eux, il y a l’apôtre Clément Haeck, en charge de cinq pays du Nord et de l’Ouest de l’Afrique : « Dans ces pays d’Afrique, la culture est toute autre. En un premier temps, les missionnaires blancs y sont accueillis avec un grand scepticisme Notre Église ne se lance pas d’emblée dans des projets humanitaires, raconte-t-il. Nous commençons par y établir une communauté et proposons des services divins. Ensuite seulement, une fois que notre Église est connue et acceptée, nous soutenons les populations sur place. Cette démarche a fait ses preuves », dit l’apôtre.
Son principal souci est celui-ci : « Beaucoup de jeunes gens veulent à tout prixpartir à la ville et, si possible, en Europe. Nous le sentons aussi dans nos communautés. – Oui, l’exode rural constitue une grande césure dans la vie des gens, confirme le professeur Joachim Müller, le Directeur de l’institut des techniques agricoles de l’université de Hohenheim. Aussi est-il de plus en plus important de rendre plus attrayant le quotidien à la campagne. Dans ce contexte, les soutiens humanitaires ainsi que les offres de formation jouent un rôle de plus en plus important », ajoute l’évangéliste de communauté qu’il est par ailleurs.
L’aide humanitaire
Le professeur Müller est un expert des questions d’approvisionnement en eau. Il rappelle à quel point l’accès à l’eau potable est important pour les populations. L’eau est une denrée de plus en plus convoitée. Et il évoque des projets concrets. D’abord, il s’agit de collecter les fonds nécessaires. Avant qu’un puits nouvellement foré soit remis à la population, un grand engagement en matière de coordination est requis. Car l’Église tient à ce que les projets qu’elle lance soient pérennes.
« Le travail réalisé par l’Église est primordial. Les populations savent l’apprécier », dit Albert Garber. Il vient de Sierra Leone, vit à Berlin depuis 2008 et termine ses études de biochimie. Pour lui, l’aide au développement implique plus de choses encore : « Il faut avant tout investir dans la formation, c’est capital ! »
Promouvoir la formation
Le travail de formation commence aussi dans les communautés, explique Wolfgang Oehler. Il dirige le département Éducation musicale et aide au développement/Projets pour l’Afrique Occidentale, de la Fondation Jörg-Wolff- de Stuttgart. « Nous faisons l’école du dimanche et proposons des cours de catéchisme. Les choses fonctionnent évidemment d’une manière différente, à cause du grand nombre d’enfants », rapporte-t-il au sujet du travail ecclésial qu’il réalise en Sierra Leone.
Et l’Église néo-apostolique ne s’en tient pas à ces seules actions-là. Elle soutient aussi la construction d’écoles sur place. « Pour environ 15 000 euros, nous pouvons construire six classes, dit l’ancien de district. Le travail d’éducation et de formation est plus important que jamais. L’essor économique dans les pays d’Afrique occidentale a été une bonne chose. L’épidémie d’Ebola a cependant réduit beaucoup d’efforts à néant. »
Faire beaucoup à partir de peu
Malgré la détresse et la misère qui règnent en Afrique occidentale, les Européens ont beaucoup à apprendre des populations de ces pays : « Ici, les gens vivent bien ; ils mangent tous les jours à leur faim, raconte Albert Garber, irrité par la culture de l’insatisfaction propre à l’Allemagne. En Sierra Leone, les gens sont peut-être plus enclins à montrer leur joie, mais c’est aussi leur seule chance de surmonter tant bien que mal leurs soucis. »
L’ancien de district Oehler a fait des expériences semblables : « La joie et la capacité de s’enthousiasmer que montrent ces gens sont absolument grandioses. Ils ont appris à faire beaucoup à partir de peu. Il faudrait pouvoir importer cette aptitude en Europe aussi. »