Un Suisse s’aventure en Amérique du Sud pour y chercher fortune. Mais ce qu’il y trouve, c’est Dieu. Le 9 août prochain marquera le 40e anniversaire du décès de l’apôtre de district Rüfenacht (Amérique du Sud).
On ne peut vraiment pas dire que le futur apôtre s’intéressait à la religion, du moins à cette époque. « En raison de mon travail, j’étais toutefois obligé d’assister aux offices catholiques. Cette contrainte m’a rendu réfractaire à toute forme de religion », a-t-il déclaré à propos de sa période en Italie, alors que l’histoire du fromage avait déjà commencé, mais ne s’était pas encore pleinement réalisée.
Fils cadet de sa famille, Gottfried Rüfenacht est né le 9 janvier 1899 en Suisse. Dès son plus jeune âge, il a dû soutenir activement ses parents. Finalement, ils furent contraints de vendre leur maison ; alors commença « une période amère et dure de pauvreté et de misère ». Par amour pour ses parents, qui étaient de fervents luthériens, il les a accompagnés à l’église. Mais le fils ne s’intéressait guère aux sermons du curé du village.
Tous les débuts sont difficiles
Après l’école, il a suivi une formation de fromager et a tenté sa chance en Italie, où le fromage suisse était très prisé. En 1921, il a réalisé son souhait de longue date et a émigré en Amérique du Sud. Les débuts y ont été plus difficiles que prévu, car il maîtrisait mal l’espagnol ; il perdit son emploi en Argentine.
Commença alors la lutte pour la survie quotidienne, soutenue par des travaux occasionnels. C’est à cette époque qu’il a rencontré sa future femme. Avec elle et leurs enfants, il s’est installé en Uruguay en 1930. C’est là qu’il s’est établi professionnellement et a ouvert une fromagerie. Il ne fréquentait l’église vaudoise située à côté de son usine que pour des raisons professionnelles.
Le chemin de la foi
Rüfenacht avait besoin de conseils. C’était même urgent, car d’une part, il avait besoin d’une recette importante pour un type de fromage très particulier. D’autre part, la fabrication du fromage dans le climat humide et subtropical de l’Uruguay s’avérait différente de celle pratiquée en Europe. Alors, que devait-il faire ?
« Ma chère épouse connaissait la fille d’un célèbre fabricant de fromage en Argentine, un certain Monsieur Eduard Gantner. » Cet homme accepta de les aider ; il parcourut près de 600 kilomètres et resta dix jours. Pendant ce temps, il nous a rendu témoignage de l’Œuvre de rédemption telle qu’elle se présentait au début et telle qu’elle est aujourd’hui, rétablie dans l’Église apostolique. Croire n’a pas été facile pour ma femme et moi », a déclaré Rüfenacht. Mais après une nouvelle visite, tous nos doutes ont été dissipés.
Agir malgré les résistances
C’est ainsi qu’en février 1935, 80 invités se sont réunis dans la maison des Rüfenacht et que le premier service divin a pu être célébré. Des participants, 18 hôtes sont restés et quatre mois plus tard, la jeune communauté de Cosmopolita comptait déjà 30 membres.
Néanmoins : « Dès ce premier service divin, j’ai dû lutter non seulement pour mon pain quotidien, mais aussi contre les nombreux esprits désormais ouvertement hostiles », a indiqué Rüfenacht. Les fournisseurs de lait refusaient de le livrer, son associé se retourna contre lui et une forte baisse des prix aggrava encore la situation. Résultat : Rüfenacht dut fermer boutique.
Un secours dans la détresse
Moins de deux ans plus tard, l’apôtre-patriarche adjoint Heinrich Franz Schlaphoff est arrivé en Uruguay. « Dans mes heures les plus sombres et les plus difficiles, alors que je n’avais même pas de quoi manger, il m’a dit : ‘J’ai moi aussi traversé cette épreuve, alors tenez bon, Dieu vous viendra très bientôt en aide’ », a raconté Rüfenacht. « C’est ce qui s’est passé : chaque mot s’est réalisé. »
Mais, dans un premier temps, Gottfried Rüfenacht a non seulement reçu le sacrement du saint-scellé des mains de l’apôtre-patriarche adjoint Schlaphoff, mais aussi le ministère d’évangéliste de district. Au cours des années qui ont suivi, de nouvelles communautés ont vu le jour et les communautés existantes se sont développées, de nouvelles églises ont même pu être construites. D’autres ministères ont suivi, jusqu’à celui d’apôtre. Le 29 octobre 1950, Rüfenacht a été nommé apôtre de district pour l’Amérique du Sud. « Inlassablement, il a poursuivi le développement de l’Œuvre de Dieu. Fin 1956, le district comptait 160 communautés et 43 églises propres », nous ont indiqué les chroniqueurs.
Un départ à la retraite empreint de gratitude
L’apôtre de district Rüfenacht a été admis à la retraite en août 1957. Lors d’une rencontre en 1982, l’apôtre-patriarche Hans Urwyler a adressé « un remerciement particulier au pionnier de ce pays », en rappelant que les milliers d’enfants de Dieu qui vivent en Uruguay sont le fruit de son infatigable travail. »
Le 9 août 1985, l’apôtre de district à la retraite Rüfenacht est décédé à l’âge de 86 ans. « On a pu lui attribuer le mérite d’être le pionnier de l’Œuvre de Dieu en Uruguay, qui avait renoncé à beaucoup de choses et fait de grands sacrifices personnels en raison de sa foi néo-apostolique. »